Mahamadou Issoufou, invité clivant du sommet de l’UA
La présence de l’ancien président nigérien, ce 17 février, à Addis-Abeba, alors qu’il est accusé par les proches de Mohamed Bazoum d’être derrière le putsch de juillet 2023, n’est pas au goût de tous.
L’appareil a pris son envol depuis le tarmac du pavillon présidentiel de l’aéroport de Niamey tard dans la soirée du 14 février. Accompagné d’une délégation d’officiers et d’agents de sécurité, l’ancien président du Niger, Mahamadou Issoufou, a décollé en direction d’Addis-Abeba.
Invité par le président de la Commission de l’UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, il participe au 37e sommet de l’Union africaine en sa qualité d’ancien chef d’État et de « champion de l’Union africaine » pour la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).
Dans un boubou blanc immaculé et coiffé de son traditionnel chéchia rouge foncé, Mahamadou Issoufou a pris place dans l’hémicycle Nelson Mandela, aux côtés d’une trentaine de chefs d’État du continent, pour la cérémonie d’ouverture du sommet, rapporte Jeune Afrique.
Zlecaf et situation au Niger
L’ancien dirigeant nigérien doit prendre part à plusieurs rendez-vous bilatéraux et rencontrera notamment le président sortant de l’UA, le Comorien Azali Assoumani, le 18 février. Au menu : la mise en œuvre de la Zlecaf, dont Assoumani a fait une priorité de son mandat à la tête de l’organisation, mais aussi la situation au Niger.
À l’agenda de Mahamadou Issoufou pourrait s’ajouter une entrevue avec le Gambien Oumar Alieu Touray, président de la Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Le cas échéant, nul doute que le rendez-vous fera la part belle à la récente annonce de départ des pays de l’Alliance des États du Sahel (Niger, Mali, Burkina Faso) de l’organisation sous-régionale.
Les autorités de transition de Niamey, arrivées au pouvoir à la faveur d’un coup d’État en juillet 2023, n’ont, elles, pas été conviées à Addis-Abeba, puisque suspendues de l’organisation au même titre que leurs homologues maliens, burkinabè ou guinéens.
Rumeurs d’implications dans le putsch
Alors que Mohamed Bazoum est toujours séquestré par ses anciens protecteurs de la garde présidentielle, la présence de l’ancien chef d’État au sommet de l’organisation continentale passe mal dans l’entourage du président déchu, qui tient Mahamadou Issoufou responsable du putsch mené par le général Abdourahamane Tiani.
Pour l’heure, l’ancien président nigérien ne fait l’objet d’aucune poursuite officielle ou de condamnation, au Niger ou à l’étranger. Il n’empêche que les rumeurs de son implication dans le coup d’État mettent certains représentants des organes multilatéraux dans l’embarras.
D’autant que depuis 2022, Mahamadou Issoufou préside un panel indépendant de haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel, lequel est censé remettre un rapport à l’Union africaine mais aussi aux Nations unies. Mais, à la suite du putsch de juillet 2023, ledit panel a été tacitement gelé.