Le Mali dénonce des "actes d'agression" français et interpelle l'ONU, l'Élysée dément
Le Mali a demandé au Conseil de sécurité de l'ONU une réunion d'urgence pour faire cesser ce qu'il présente comme des "actes d'agression" de la France.
Le torchon brûle (encore) entre Paris et Bamako. Le Mali a dénoncé auprès de l'ONU des "actes d'agression" de la France sous forme de violations de souveraineté. Faux, a répliqué l'Élysée ce jeudi, démentant "des accusations évidemment sans fondement".
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Ce regain de tensions a débuté lundi quand, plus de neuf ans après avoir été accueillis comme des "sauveurs" face aux groupes djihadistes, les militaires français ont achevé leur retrait du pays. Le même jour, le Mali a demandé au Conseil de sécurité de l'ONU une réunion d'urgence. Dans une lettre, le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, dénonce les "violations répétitives et fréquentes" de l'espace aérien national par les forces françaises au cours des derniers mois, et les vols d'appareils français se livrant à "des activités considérées comme de l'espionnage" et des tentatives "d'intimidation".
"Le Mali se réserve le droit de faire usage de la légitime défense"
Il laisse entendre que les Français pourraient avoir transporté par hélicoptère deux membres d'un groupe djihadiste début août dans la région de Tombouctou. Et de mettre en garde : le Mali "se réserve le droit de faire usage de la légitime défense" si les agissements français persistent, conformément à la Charte des Nations unies.
Sans surprise, la France a démenti ces affirmations. Mercredi, le général Bruno Baratz, commandant de la force française Barkhane, a trouvé "étonnant" que les Français soient accusés de soutenir les djihadistes. "C'est un peu insultant pour la mémoire de nos 59 camarades (français) qui sont tombés en se battant pour le Mali, et également pour la mémoire de tous les Maliens qui se sont battus à nos côtés, mais aussi les personnels de la Minusma, des forces africaines de la Minusma qui sont tombés en luttant contre le terrorisme", a-t-il dit à Radio France Internationale au Niger, pays voisin du Mali et allié de l'Hexagone qui a accepté le maintien d'une base aérienne française à Niamey.
La junte franchit un palier dans le rocambolesque et l’invraisemblable en portant des accusations évidemment sans fondement", a commenté auprès du Monde l'Élysée. Et de préciser que les seules activités d’ordre sécuritaire menées lors du retrait de Barkhane consistaient "à sécuriser les derniers convois militaires français de l’opération quittant le Mali, à surveiller les activités des terroristes et à cibler des hauts cadres des deux principaux groupes".
Cette passe d'armes intervient après un an de relations de plus en plus tendues entre Paris et les colonels au pouvoir à Bamako depuis le putsch contre le président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020. Les colonels, qui se sont tournés vers la Russie - allant même jusqu'à s'assurer les services du groupe paramilitaire russe Wagner, selon Paris et l'ONU - ont rompu en mai les accords de défense avec Paris et ses partenaires européens, après avoir fait de l'obstruction pendant des mois contre Barkhane. Bamako, qui réfute avoir fait appel à Wagner, a reproché en juillet au président français une "posture néo-coloniale", selon l'expression du porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga, l'accusant d'attiser les haines ethniques par ses critiques contre l'armée malienne, selon tf1info.