Retrait de la Minusma : dix années de présence au Mali pour quel résultat ?
La Mission onusienne pour la stabilisation du Mali (Minusma) touche-t-elle à sa fin ?
La question se pose sérieusement, d’autant que ce vendredi 16 juin, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a saisi l’opportunité d’être devant le Conseil de sécurité des Nations unies, pour demander le retrait, "sans délai" de la mission de paix, de son pays. Un scénario qui se répète sur le continent et qui questionne la pertinence des missions de ce type, sous l’égide des Nations unies.
"Une crise de confiance", c’est avec ces mots qu’Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères malien, a justifié sa demande de départ de la Minusma du Mali. Une crise, qui atteint son apogée ce vendredi 16 juin, mais qui est le fruit de tensions entre les deux parties, depuis mai 2021, lorsque les colonels putschistes de 2020 ont mené un nouveau second putsch pour écarter le régime de transition civil.
Entre surprise et cohérence
A plusieurs reprises, durant ces dernières années, la junte a fait barrage aux investigations de la Minusma sur les abus dont les forces maliennes sont parfois accusées. Lorsque l'ONU s'émeut de ne pouvoir accéder aux lieux des abus présumés, Bamako parle "d’instrumentalisation" du sujet. Régulièrement, la junte a voulu contrôler la circulation du personnel de la Minusma, que ce soit via des autorisations de déplacement dans l’espace aérien qui n’étaient pas données ou encore de troupes au sol qui n’étaient pas autorisées à se déplacer. A l'instar des 49 soldats ivoiriens qui ont été arrêtés le 10 juillet 2022 et détenus près de 7 mois.
En février 2023, le gouvernement malien a d’ailleurs fait expulser le chef de la division des droits de l'homme de la Minusma.
Mais le point d’achoppement est atteint en mai 2023, après la publication d'un rapport accablant de la Minusma. L'armée malienne et des combattants "étrangers" sont accusés d'avoir exécuté au moins 500 personnes lors d'une opération présumée antijihadiste à Moura en mars 2022.
La Mission onusienne pour la stabilisation du Mali (Minusma) touche-t-elle à sa fin ? La question se pose sérieusement, d’autant que ce vendredi 16 juin, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a saisi l’opportunité d’être devant le Conseil de sécurité des Nations unies, pour demander le retrait, "sans délai" de la mission de paix, de son pays. Un scénario qui se répète sur le continent et qui questionne la pertinence des missions de ce type, sous l’égide des Nations unies.
"Une crise de confiance", c’est avec ces mots qu’Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères malien, a justifié sa demande de départ de la Minusma du Mali. Une crise, qui atteint son apogée ce vendredi 16 juin, mais qui est le fruit de tensions entre les deux parties, depuis mai 2021, lorsque les colonels putschistes de 2020 ont mené un nouveau second putsch pour écarter le régime de transition civil.
A plusieurs reprises, durant ces dernières années, la junte a fait barrage aux investigations de la Minusma sur les abus dont les forces maliennes sont parfois accusées. Lorsque l'ONU s'émeut de ne pouvoir accéder aux lieux des abus présumés, Bamako parle "d’instrumentalisation" du sujet. Régulièrement, la junte a voulu contrôler la circulation du personnel de la Minusma, que ce soit via des autorisations de déplacement dans l’espace aérien qui n’étaient pas données ou encore de troupes au sol qui n’étaient pas autorisées à se déplacer. A l'instar des 49 soldats ivoiriens qui ont été arrêtés le 10 juillet 2022 et détenus près de 7 mois.
En février 2023, le gouvernement malien a d’ailleurs fait expulser le chef de la division des droits de l'homme de la Minusma.
Mais le point d’achoppement est atteint en mai 2023, après la publication d'un rapport accablant de la Minusma. L'armée malienne et des combattants "étrangers" sont accusés d'avoir exécuté au moins 500 personnes lors d'une opération présumée antijihadiste à Moura en mars 2022.
La junte dénonce non seulement un "rapport biaisé, reposant sur un récit fictif", mais annonce l'ouverture d'une enquête contre la mission, pour "espionnage, atteinte à la sûreté extérieure de l’État" et "complot militaire".
Si l’annonce d’Abdoulaye Diop ne surprend donc pas totalement, sa radicalité et sa soudaineté mettent en exergue une communication politique offensive.
"Ce discours populiste fonctionne très bien au sein de la population en pleine crise économique et sécuritaire. Après la France, après la Cédéao (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest), après les soldats ivoiriens, c’est au tour de la Minusma d’être ciblée. C’est un schéma binaire qui veut, toujours, qu'on oppose le Mali aux autres", nous indique Bakary Sambe, chercheur au Timbuktu institute, un groupe de réflexion, basé à Dakar et spécialisé dans les questions de paix et de sécurité en Afrique.
Une cible facile
Mais le chef de la diplomatie malienne ne s’est pas arrêté là. Il a également affirmé que la Minusma n’est, non seulement pas la solution, mais ferait en réalité "partie du problème".
Un discours d’Abdoulaye Diop que le chercheur du Timbuktu institute Sahel Afrique de l’Ouest, Bakary Sambe, trouve aussi incisif qu’opportuniste : "nous sommes actuellement dans une période cruciale où se discutent la Constitution, les futures échéances électorales ou encore le référendum du dimanche 18 juin". Le but serait, selon lui, de "flatter la fierté malienne" et de brandir l’étendard du souverainisme.