Mali, Niger et Burkina Faso reprennent peu à peu le contrôle de leurs mines
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Dans un tournant sans précédent pour l’Afrique de l’Ouest, plusieurs pays de la région, dont le Mali, le Niger et le Burkina Faso, ont lancé des réformes audacieuses pour reprendre le contrôle de leurs ressources minières.
Face à des décennies de domination par des multinationales étrangères, ces pays cherchent désormais à réécrire les règles du secteur minier, un secteur stratégique pour leur développement économique.
Une souveraineté retrouvée
Loin d’être une simple coïncidence, cette série de réformes survient alors que les trois pays de la région sont confrontés à des défis politiques et sécuritaires. Ces réformes visent à s'affranchir de l'influence des entreprises étrangères et à garantir que les profits générés par l'exploitation minière bénéficient davantage aux populations locales.
Les gouvernements de ces pays se battent désormais pour reprendre le contrôle de leur sous-sol, avec l’objectif de favoriser des investissements plus avantageux pour leurs économies, tout en s’attaquant aux pratiques d’exploitation souvent jugées néfastes.
Au Mali, par exemple, les autorités ont récemment instauré une nouvelle législation visant à augmenter la part de l'État dans les revenus générés par les mines d'or, secteur clé de l'économie nationale. Ce changement intervient après plusieurs mois de négociations avec les entreprises minières, certaines d'entre elles réticentes à accepter cette nouvelle donne.
Le Burkina Faso et le Niger ont emprunté une voie similaire, avec des réformes qui réaffirment la souveraineté des États sur leurs ressources naturelles, une démarche qui se traduit par des redevances accrues, des partenariats plus équilibrés et des contrôles plus stricts sur l’exploitation.
Des résistances étrangères
Cependant, ces réformes ne se déroulent pas sans heurts. De nombreuses entreprises multinationales, qui exploitent depuis des décennies les ressources minières de ces pays, ont exprimé leur mécontentement face aux nouvelles conditions. Certaines ont menacé de réduire ou d’arrêter leurs investissements si leurs exigences ne sont pas satisfaites, tandis que d’autres ont engagé des démarches juridiques pour contester les changements imposés.
Le bras de fer entre les États et les multinationales n’est pas une nouveauté en Afrique, mais la situation actuelle semble marquer un tournant. Ces pays ne sont plus prêts à se plier aux volontés des grandes entreprises, dont certaines ont été accusées d'exploiter les ressources locales sans contribuer suffisamment au développement des pays hôtes.
La récente montée en puissance de régimes militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger, avec un discours fort sur la souveraineté nationale et la justice économique, a amplifié cette volonté de reprendre en main les ressources naturelles. Ces pays estiment qu'il est désormais temps de mettre fin à une exploitation qui profite principalement aux acteurs étrangers.
Le Sénégal, un futur allié ?
Alors que le Mali, le Niger et le Burkina Faso redéfinissent les rapports de force dans le secteur minier, d’autres pays de la région pourraient suivre cette dynamique. Le Sénégal, voisin et acteur clé de l'Afrique de l’Ouest, pourrait être le prochain à envisager des réformes similaires. Le pays, riche en ressources naturelles telles que l’or et les ressources pétrolières, commence à explorer des mécanismes pour accroître ses bénéfices locaux issus de l’exploitation minière. Bien que le Sénégal n’ait pas encore pris des mesures aussi radicales que celles du Mali ou du Burkina Faso, la question de la souveraineté minière est de plus en plus présente dans les débats politiques.
Les observateurs de la région soulignent qu’une telle démarche pourrait créer une dynamique de solidarité entre les pays d’Afrique de l’Ouest, unifiant leurs forces pour réécrire les règles du secteur minier à l’échelle continentale.
Une nouvelle ère pour l'exploitation minière en Afrique ?
Ce mouvement de reprise en main des ressources minières pourrait marquer le début d’une nouvelle ère pour l’Afrique de l’Ouest. L’exploitation minière, longtemps dominée par des intérêts étrangers, pourrait se voir réorientée vers des modèles plus inclusifs, où les bénéfices profitent davantage aux populations locales.
Si ces réformes réussissent à s’imposer face aux résistances des multinationales, elles pourraient inspirer d’autres pays du continent à suivre cette voie. Toutefois, il est certain que le chemin ne sera pas sans obstacles. Les défis à surmonter, qu'ils soient politiques, économiques ou diplomatiques, seront nombreux. Mais l'aspiration à une plus grande souveraineté sur les ressources naturelles semble désormais plus forte que jamais, redéfinissant les relations entre les États africains et les entreprises étrangères opérant sur leur sol.
En fin de compte, la question reste de savoir si ces réformes pourront se concrétiser durablement et transformer véritablement le paysage minier en Afrique de l’Ouest. Une chose est certaine : le combat pour la souveraineté minière est loin d’être terminé