Marchés agricoles: flambée des prix des huiles sous l'effet de la demande chinoise
Les oléagineux ont vu leurs cours flamber depuis la fin 2020, principalement sous l'effet de la demande chinoise, une tendance qui pourrait bien perdurer, selon nombre d'acteurs du secteur, notamment en raison des incertitudes liées à la pandémie.
Concernant le soja, un des principaux moteurs de cette hausse, "on sait que la fièvre porcine africaine a déstabilisé la sécurité alimentaire chinoise (...) il a fallu reconstituer des stocks en soja, notamment pour rebâtir un élevage porcin dynamique à la hauteur des besoins du pays", a rappelé Sébastien Abis, directeur du club de réflexion agricole Demeter, lors d'un entretien à l'AFP.
Conséquence de ces achats massifs, l'indice FAO (agence des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation) des prix des huiles végétales a atteint début mars son plus haut niveau depuis avril 2012. En France, le colza a vu ses prix sur le marché à terme augmenter de plus de 25% depuis la mi-décembre, pour dépasser le seuil de 520 euros/tonne, plus atteint depuis 2012 également.
"Le prix de l'huile de tournesol a été multiplié par deux. Elle est à 1.800 dollars sur le marché spot; le record absolu qui date de 2008 est de 1.900", a souligné Olivier Delaméa, directeur général d'Avril Végétal, division du groupe Avril, numéro un français des huiles de table.
Dans le cas du tournesol, de faibles récoltes, notamment en Russie et en Ukraine, ont également favorisé le renchérissement des prix. Une situation que connaît également la graine de colza, notamment en France, depuis deux saisons, avec des baisses de surfaces dues à plusieurs sécheresses successives.
La prochaine récolte ne semble guère partie pour faire mieux: "on sent qu'il y en déjà moins de semé et celui qui a été semé, une partie va être retournée ou laissée avec des potentiels qui sont moindres", a déploré Benoît Piètrement, agriculteur dans la Marne et chef du conseil spécialisé céréales de FranceAgriMer, lors d'une conférence de presse.
La demande chinoise, elle, ne semble pas devoir faiblir dans l'immédiat, s'agissant du soja: pour les prochaines récoltes, "certaines analyses se basent sur 103, 105 millions de tonnes, donc on est toujours sur une croissance des achats chinois pour cette nouvelle campagne", a indiqué Paul Desert-Cazenave, responsable de l'analyse marchés chez Logaviv.