Mort de Maryse Condé : une vie au service de l’identité antillaise et noire
Autrice de plus de 30 romans, d'une dizaine de pièces de théâtre et tout autant d’essais sur la littérature, le colonialisme et l’esclavage, Maryse Condé est morte dans la nuit de lundi à mardi, à l'âge de 90 ans.
Maryse Condé, écrivaine guadeloupéenne la plus célèbre de sa génération, est morte dans la nuit de lundi 1er au mardi 2 avril, selon les informations d'Outre-mer.
Née à Pointe-à-Pitre le 11 février 1934, Maryse Condé, de son nom de jeune fille Marise Liliane Appoline Boucolon, a abordé dans une trentaine de livres l'Afrique, l'esclavage et les multiples identités noires. Elle était également très connue aux États-Unis, où elle a vécu 20 ans à New York et a dirigé à l'université de Columbia un centre d'études francophones qu'elle avait créé.
"J'ai toujours travaillé avec elle dans ses différentes maisons d'édition, et j'étais profondément admiratif de son rayonnement, de son courage. Elle a donné l'envie à énormément d'écrivains de se lancer et de combattre avec elle", a réagi auprès de l'AFP son éditeur, Laurent Laffont.
En 1959, elle épouse l'acteur guinéen Mamadou Condé et part en Afrique, où elle y sera considérée comme une étrangère et non comme une "sœur".
Ce n'est qu'à l'âge de 42 ans, après douze années de vie et d'épreuves et grâce à son nouveau compagnon, Richard Philcox, qui deviendra son traducteur, qu'elle se met à écrire. En 1976, elle publie "Hérémakhonon", puis "Ségou" (1984-1985), un best-seller sur l'empire bambara au 19e siècle au Mali.
La fièvre de l'écriture
Maryse Condé était depuis plusieurs années affaiblie par la maladie. En 2019, elle avait accueilli France 24 dans sa maison à Gordes, près d’Avignon, où elle vivait depuis quelques années. C'est là qu'elle avait dicté son dernier livre à une amie, "L'Évangile du nouveau monde", sa réécriture du Nouveau Testament.
Elle est aussi l'autrice de "Desiderada" et son nom avait été cité plusieurs fois pour le prix Nobel de littérature.