Les perturbations dans la mer Rouge coûtent 7 milliards de dollars à l’Égypte en pertes de revenus du canal de Suez
En 2024, l’Égypte a perdu plus de 7 milliards de dollars de revenus provenant du canal de Suez, une conséquence directe des perturbations dans la mer Rouge causées par les attaques maritimes des Houthis, un groupe militant basé au Yémen.
Ces pertes, représentant une chute de plus de 60 % des recettes habituelles du canal, soulignent l’ampleur des défis auxquels le pays est confronté.
La présidence égyptienne, dans une déclaration officielle publiée jeudi, a qualifié cette crise de test majeur pour l’économie nationale, déjà fragilisée par d’autres pressions structurelles.
Un canal stratégique paralysé
Le canal de Suez, artère incontournable du commerce maritime mondial, joue un rôle central dans l’économie égyptienne. Il relie l’Europe à l’Asie, permettant un transport rapide et rentable des marchandises. En 2024, cependant, ce rôle a été sévèrement compromis.
Les Houthis, en menant des attaques sur des navires et en augmentant les tensions dans le sud de la mer Rouge et le golfe d’Aden, ont créé une situation où de nombreux transporteurs occidentaux évitent désormais la zone.
Bien que les infrastructures égyptiennes n’aient pas été ciblées directement, ces attaques ont généré un blocus maritime de facto, forçant les compagnies maritimes à emprunter des itinéraires alternatifs, notamment autour du cap de Bonne-Espérance.
Ces détournements ont des conséquences dramatiques, non seulement pour le commerce mondial, mais aussi pour l’Égypte, où les recettes du canal représentent une source essentielle de devises étrangères.
Cette chute des revenus intervient dans un contexte déjà délicat. La livre égyptienne a atteint un niveau historiquement bas, alimentant une inflation galopante. En parallèle, les réserves de devises étrangères continuent de diminuer, rendant les marges de manœuvre économiques du gouvernement de plus en plus limitées.
Un problème aux ramifications régionales et mondiales
Les perturbations orchestrées par les Houthis ne sont pas uniquement dirigées contre le commerce mondial. Le groupe a intensifié ses attaques dans le cadre d’un agenda politique plus large, visant à faire pression sur Israël pour qu’il accepte un cessez-le-feu avec le Hamas à Gaza.
En menant des frappes de drones et de missiles, les Houthis visent à influencer les dynamiques géopolitiques régionales, tout en causant des dommages collatéraux majeurs à des pays comme l’Égypte.
Les répercussions dépassent largement les frontières du pays.
Les chaînes d’approvisionnement mondiales, déjà sous tension depuis la pandémie et divers conflits géopolitiques, subissent un choc supplémentaire. Les itinéraires détournés augmentent considérablement les coûts logistiques, entraînant des répercussions sur les entreprises et les consommateurs à travers le monde.
Défis pour l’Égypte et opportunités pour le monde
Cette crise met en lumière les vulnérabilités économiques de l’Égypte, mais aussi la nécessité d’une réponse internationale coordonnée. Le gouvernement égyptien, confronté à une perte massive de revenus, doit naviguer dans un contexte économique périlleux.
Stabiliser la situation nécessite une combinaison de solutions internes – comme l’amélioration de la gestion des ressources économiques – et externes, via une coopération renforcée avec des partenaires régionaux et mondiaux.
Pour la communauté internationale, la sécurisation de la mer Rouge est une priorité stratégique. Le libre passage par le canal de Suez est essentiel non seulement pour l’Égypte, mais aussi pour maintenir la fluidité des échanges commerciaux mondiaux.
Une intervention coordonnée, associant diplomatie et renforcement des capacités de sécurité maritime, pourrait atténuer les impacts de cette crise et prévenir des perturbations futures.
Un tournant pour la stabilité régionale
Cette situation constitue un moment charnière pour l’Égypte et la région. D’une part, elle met à l’épreuve la résilience de l’économie égyptienne face à des défis externes d’une rare intensité. D’autre part, elle souligne l’importance cruciale de la coopération internationale dans la gestion des crises affectant des points stratégiques du commerce mondial.
Pour l’Égypte, l’enjeu est clair : rétablir la confiance des opérateurs maritimes et assurer la reprise des activités du canal. Pour le monde, cette crise rappelle que la stabilité régionale est un bien commun, dont dépend la prospérité économique globale.
Par Olivier d’Auzon