Climat: des bonnes mesures prises chez des pays européens
Pourtant, des bonnes mesures pour le climat sont mises en œuvre chez des pays européens, comme l’Allemagne, le Danemark ou l’Espagne. Autant d’exemples qui pourraient inspirer la France.
La France doit agir beaucoup plus et beaucoup plus vite pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre et respecter ses objectifs de baisse notamment dans les secteurs des transports, des énergies renouvelables et de l’alimentation, où à l’échelle européenne elle figure parmi les mauvaises élèves.
Pourtant, des bonnes mesures pour le climat sont mises en œuvre chez nos voisins, comme l’Allemagne, le Danemark ou l’Espagne. Autant d’exemples qui pourraient inspirer la France.
Mise en place de tickets climat en Allemagne et en Autriche
« Deutschlandticket », ou « KlimaTicket » : l’Allemagne et l’Autriche ont mis en place des tickets climat en 2023 et 2021 pour inciter les citoyens à davantage utiliser le train. Ces tickets donnent un accès illimité aux bus, métros, trains locaux pour 49 euros par mois en Allemagne, et la possibilité en Autriche de se déplacer dans la quasi-totalité du pays, avec un nombre de trajets illimités pour 3 euros par jour pour les adultes.
Alors que le secteur des transports représente la première source d’émissions de gaz à effet de serre en France (27 % en 2014) en raison de sa forte dépendance aux énergies fossiles, et que ces émissions continuent d’augmenter depuis 2021, basculer vers des modes de transport plus écologiques, comme le train doit être mis en place en priorité.
Les Français ont d’ailleurs de fortes attentes à l’égard des pouvoirs publics pour utiliser davantage le train. Selon une étude publiée en avril 2023, 1 Français sur 2 estime que l’État n’est pas suffisamment engagé pour promouvoir l’usage du train. Ils estiment que l’Etat doit en priorité agir sur le prix. 84% des Français par exemple soutiennent l’instauration d’un forfait unique régional permettant un accès illimité à l’ensemble de l’offre de transport du quotidien, selon reseauactionclimat.
A l’image des mesures déjà prises par nos voisins européens, le Réseau Action Climat demande l’instauration d’un ticket climat pour permettre aux citoyens d’accéder à l’ensemble de l’offre de transport collectif.
Incitation à manger moins de viande au Danemark et en Espagne
Les émissions de gaz à effet de serre générées par l’alimentation des ménages en France représentent 24 % de notre empreinte carbone. Réduire la consommation de viande figure parmi les mesures principales à mettre en place pour diminuer nos émissions de gaz à effet de serre. Un faible mangeur de viande (50 g par jour) émet 1,5 fois moins de gaz à effet de serre qu’un gros mangeur de viande (100 g par jour).
Les politiques mises en place par le Danemark et l’Espagne semblent prometteuses. En 2020, le gouvernement danois a révisé ses recommandations nutritionnelles officielles pour qu’elles prennent en compte le climat. Ainsi, la quantité de viande conseillée à ne pas dépasser par semaine est passée de 500 à 350 grammes par personne. Cela est également le cas en Espagne qui recommande de manger entre 0 et 3 portions de viande par semaine. Bien que ces recommandations aux citoyens doivent nécessairement aller de pair avec la réduction de la production par les pouvoirs publics, la France devrait s’inspirer de telles mesures.
Le Réseau Action Climat appelle à ce que la prochaine Stratégie Nationale pour l’Alimentation, la Nutrition et le Climat (SNANC) fixe des objectifs chiffrés et ambitieux d’évolution de la consommation et de la production à échéances précises (2030, 2040 et 2050), vers « moins et mieux » de produits d’origine animale et de viande, et plus d’aliments végétaux de qualité ainsi qu’une consommation accrue de produits biologiques cultivés en France.
Déploiement des énergies renouvelables en Slovénie et Estonie
Les blocages français pour déployer les renouvelables sont multiples tant sur la mise en œuvre que sur l’adoption des objectifs de l’Union européenne.
En 2020, la France est le seul pays parmi les vingt-sept membres de l’Union européenne à ne pas avoir atteint son objectif en énergies renouvelables. Les énergies renouvelables ont représenté 19,1% de sa consommation finale brute énergétique, soit bien en deçà des 23% qu’elles auraient dû représenter.
La France a également refusé de porter une ambition supérieure à 40% d’énergies renouvelables pour 2030, contre 45% porté par l’Allemagne pendant les négociations.
Pendant que la France freine des quatre fers sur les renouvelables, d’autres pays européens prennent de l’avance pour faciliter leur déploiement et décarboner leur système énergétique, comme la Slovénie et l’Estonie.
La Slovénie a ainsi décidé de renforcer l’ingénierie territoriale, en installant un “point de contact énergie renouvelable” avec la charge d’accélérer le déploiement des énergies renouvelables sur son sol. Son rôle est de guider les investisseurs potentiels (publics ou privés) dans les procédures d’obtention des permis et autres démarches nécessaires à la construction, la reconstruction, la rénovation ou l’exploitation d’installations de production et à leur raccordement au réseau. En France, le Réseau Action Climat déplore notamment le manque de renforcement des capacités des mairies pour assurer l’identification des zones d’accélération.
L’Estonie, dont la production énergétique repose principalement sur les schistes bitumineux très polluants, a adopté une ambition forte pour déployer les énergies renouvelables sur son territoire d’ici 2030, dépassant même les objectifs prévus au niveau européen. En effet, elle prévoit de produire 100% de son électricité à partir d’énergies renouvelables à horizon 2030, soit 65% d’énergies renouvelables dans son mix de consommation énergétique final( contre 42,5% au niveau européen).
Cette année est une année cruciale pour mettre en œuvre des politiques réellement efficaces contre le réchauffement climatique en France et en Europe. En effet les plans nationaux climatiques et énergétiques des 27 pays européens sont en train d’être revus pour atteindre une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55% par rapport aux niveaux de 1990, d’ici 2030. La France doit s’inspirer de mesures déjà mises en place par ses voisins, notamment dans les secteurs les plus émetteurs des transports et de l’énergie comme l’instauration d’un ticket climat ou la création de points de contact pour le déploiement des renouvelables.