Mobilisation en Russie: les citoyens mobilisés dans l'incompréhension avant leur départ sur le front
Des milliers de citoyens russes tentent de quitter le pays afin d'éviter une mobilisation qui, selon certains médias, pourrait aller bien au-delà des 300.000 hommes.
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La colère se fait de plus en plus entendre. Deux jours après la dernière prise de parole du président russe Vladimir Poutine, au cours de laquelle il a décrété une mobilisation partielle des 300.000 réservistes afin d'épauler les soldats déjà présents sur place, les premiers départs se sont faits dans la douleur.
"Ce n'est pas correct"
Sur les réseaux sociaux et dans plusieurs médias indépendants, des séquences tournées dans certaines des régions les plus pauvres de la Russie montrent le départ de plusieurs dizaines d'hommes, au terme d'adieux déchirants. Parmi eux, Dmitry, un étudiant qui ne pensait pas quitter sa famille si rapidement, selon bfmtv.
"Je ne m’attendais pas à devoir partir aujourd’hui, personne ne m’a rien dit le matin. Ils m’ont donné l’ordre de mobilisation avec obligation de venir ici à 15h. Nous avons attendu 1h30 puis l’officier est venu et dit que nous partions maintenant", explique-t-il auprès du média Ostorozhno Novosti, dans une vidéo relayée par BFMTV.
Lors de cette même séquence, son père, venu lui dire au revoir, laisse exprimer son mécontentement et accuse Vladimir Poutine de ne pas avoir respecté sa parole. "Le décret présidentiel stipulait qu’aucun étudiant ne serait recruté. Finalement, c’est le cas, ils l’ont recruté sans aucune explication, ce n’est pas correct", critique-t-il.
Cette mobilisation, bien que partielle, a fait l'effet d'un électrochoc au sein de la société russe. Ces dernières heures, de nombreux hommes russes ont tenté de sortir du pays via les frontières finlandaises et géorgiennes, tandis que les billets d'avion au départ de Moscou et de Saint-Pétersbourg ont été pris d'assaut.
Auprès de BFMTV, Sergueï, 27 ans, qui a quitté le pays depuis le mois de mars, explique les raisons pour lesquelles il ne souhaite pas se battre en Ukraine.
"Je ne suis pas prêt à participer à ce crime de guerre. C'est un crime de guerre qui se déroule et moi j'ai un business à l'étranger. Ma vie est ailleurs, je ne suis pas prêt à participer à ce crime contre l'humanité", explique-t-il.
Mardi, à la veille de la mobilisation partielle, le Parlement avait voté de lourdes peines de prison pour ceux qui refuseraient de rejoindre l'armée ou déserteraient. Le texte n'est cependant pas encore entré en vigueur.
Stress et désorganisation
D'autant que selon le colonel Michel Goya, consultant défense de BFMTV, la notion de réserviste n'est absolument pas la même en Russie que dans les pays occidentaux, et le décret de Vladimir Poutine pourrait en réalité concerner bien plus que 300.000 hommes:
"Si on s'en tient aux critères, cela concerne 25 millions de personnes. Tout homme qui a porté l’uniforme, fait son service militaire, même des étudiants qui ont fait une préparation militaire pour éviter le service. 25 millions d’hommes se disent 'ça peut être moi', il y a un stress qui s’infuse dans cette société qui avait été préservée de la guerre jusque-là."
À cela, il faut ajouter une certaine désorganisation de l'armée russe, visiblement pas préparée à un conflit si long. "Rien n’est véritablement organisé, il faut des cadres, des sous-officiers, des officiers qui sont en Ukraine, il manque de matériel, c’est la précipitation la plus totale", ajoute-t-il.
Jeudi soir, un porte-parole de l'état-major de l'armée russe avait pourtant indiqué que 10.000 personnes s'étaient déjà portées volontaires pour être mobilisées pour l'offensive en Ukraine en l'espace de seulement 24 heures.