Les multiples usages du figuier de barbarie en Algérie
Le figuier de barbarie ou opuntia a connu un regain d’intérêt à la faveur des incendies de forêt qui ont endeuillé l’été 2001 l’Algérie.
C’était le seul végétal pouvant protéger les habitations des flammes qui ont ravagé des maisons et fait beaucoup de morts, notamment en Kabylie.
Dans le village de Sahel (commune de Bouzeguene, wilaya de Tizi-Ouzou) depuis plusieurs années, l’opuntia est fêté pour l’ensemble de ses qualités. L’occasion de montrer une nouvelle fois les multiples usages du figuier de barbarie et de son fruit (khermous en kabyle).
En ce mois de juillet, le village a organisé la 9e édition de la fête de la figue de barbarie après deux années d’arrêt suite à la crise sanitaire.
Ce sont essentiellement des associations du village qui ont contribué à la réussite de cet événement. Berbère Télévision a largement couvert cette manifestation.
Après avoir écouté l’hymne national, le maire et les représentants du comité d’organisation ont officiellement inauguré la manifestation.
De nombreux visiteurs dans les ruelles du village
Des artistes amateurs ont retracé des scènes de la vie traditionnelle liées à l’emploi de l’opuntia. Puis, le public a pu découvrir les stands et les ateliers liés à la transformation de ce produit.
A l’occasion étaient également présentés différents produits traditionnels et actions pour la sauvegarde de l’environnement. Les ruelles ont vite été prises d’assaut par de nombreux visiteurs dont de nombreuses femmes dont certaines en tenue traditionnelle.
Fadhela Bakouche, membre du comité d’organisation, a confié à BRTV le programme des festivités : visite de stands et d’ateliers de transformation, conférences sur la culture de l’opuntia et la préservation de l’environnement, soirée artistique. Au détour d’une ruelle, on pouvait écouter des chants traditionnels d’une chorale féminine.
Arezki Imakhmoukhen expert en matière de culture n’a pas ménagé ses efforts afin d’expliquer comment planter de l’opuntia. Expliquant notamment, que les plantations réalisées en janvier produisaient des fruits avec plus de graines que celles réalisées en septembre. Des graines particulièrement recherchées.
Dans l’opuntia, zéro déchet, tout est utilisé
Parmi les entreprises locales, la société Romais a été particulièrement remarquée. Avec son label « Produit du terroir », elle met au point des produits cosmétiques et des produits alimentaires dont du vinaigre, issus de la transformation de la figue de barbarie.
Deux jeunes femmes ont réalisé devant le public des démonstrations. L’une a consisté en la production de vinaigre. Les fruits sont broyés et mis à fermenter durant 40 jours à l’obscurité dans de grands récipients en verre.
Puis le contenu est récupéré pour une seconde fermentation à l’air libre cette fois-ci. Avec des mouvements précis, comme dans le laboratoire d’une université, une des jeunes femmes a analysé le niveau d’acidité.
A l’aide d’un colorant adapté, elle a ensuite vérifié que le produit avait l’acidité requise, c’est-à-dire un pH de 5 unités. Acidité confirmant l’obtention de vinaigre « Figue de barbarie » prêt à la commercialisation.
Le passage de l’utilisation d’un matériel de laboratoire d’université vers les locaux d’une petite entreprise illustre la diffusion dans le milieu économique de l’important investissement mis ces dernières années par les pouvoirs publics dans l’enseignement universitaire.
Opuntia, huile, savon et aliment du bétail
Une autre opération présentée concerne la séparation des graines de la pulpe du fruit à l’aide d’un matériel de broyage. L’huile obtenue à partir des graines ensuite mise à sécher est utilisée dans la fabrication de produits cosmétiques. Une huile dont un seul litre atteint le montant de 220.000 DA. On pouvait admirer sur les stands ces produits avec un packaging parfait : anti-rides, savon, shampoing.
La pulpe obtenue lors de l’extraction des graines de figue de barbarie est utilisée pour confectionner des confitures. Rien ne se perd, les déchets ultimes étant même valorisés comme aliments du bétail.
Couscous aux raquettes d’opuntia
L’association locale de protection de l’environnement avait également son stand. Des jeunes filles ont présenté le mode de récupération des épluchures de fruits et légumes afin de produire du terreau horticole.
Dans le local d’un atelier de tissage traditionnel, a été présenté un couscous dont une partie des légumes provenait de jeunes raquettes d’opuntia. Un produit recherché à l’étranger et qui se vend dans les supermarchés.
En plus de son intérêt économique, la figue de la barbarie est un excellent fruit aux multiples bienfaits pour la santé. Gorgé d’eau et de vitamines C, il est excellent en été quand il fait chaud.
Peu calorique, ce fruit est doté d’un pouvoir antioxydant qui permet de lutter contre le vieillissement cellulaire, régule le transit intestinal et il représente une bonne source de magnésium.
Ceint de son écharpe, le maire s’est félicité de la reprise du festival après deux années d’arrêt et a insisté sur la nécessité de préserver « akermous » l’opuntia ce produit de terroir.
Ce produit largement planté dans les régions de Tébessa et Souk Ahras peut constituer un fourrage d’appoint en milieu steppique et mérite plus d’attention de la part de la recherche agronomique en Algérie.
Le public ne s’est pas trompé sur la qualité des prestations offertes lors de cette 9 ème fête de la figue de barbarie, en témoigne la forte affluence constatée dans les ruelles du village.