Niger, Mali, Burkina Faso… Quel avenir pour les entreprises françaises au Sahel?
BNP, Société Générale, Crédit agricole… Les groupes bancaires français y ont également réduit leur présence: "C'est lié à l'incertitude de la situation générale en Afrique", mais surtout à "la taille des marchés", souligne Etienne Giros.
Si la montée du sentiment anti-français au Niger, au Mali ou au Burkina Faso n'a pas remis en cause la présence des entreprises françaises installées au Sahel et plus largement en Afrique Subsaharienne, leurs parts de marché dans la région ne cessent de s'effriter face à l'émergence de nouveaux acteurs chinois, indiens et russes.
Près d'une semaine après le putsch qui a renversé le président Mohamed Bazoum, la diplomatie française a annoncé ce mardi l'évacuation de ses ressortissants qui souhaiteraient quitter le Niger. Une décision prise face à "la dégradation de la situation sécuritaire" dans le pays, où la France est la cible de discours hostiles de la part de la junte militaire à l'origine du coup d'état et d'une partie de la population, selon bfmtv.
Cette montée du sentiment anti-français sur place a aussi fait naître des inquiétudes pour les intérêts économiques de l'Hexagone au Niger. Mais pour Alain Antil, directeur du centre Afrique subsaharienne à l'Institut français des relations internationales, "les relations commerciale entre le Niger la France sont extrêmement ténues".
"Sur le plan de l'uranium, sur les dix dernières années, le Niger est le 5e fournisseur de la France, il n'est plus le partenaire stratégique de Paris comme il a pu l'être dans les années 1960-1970. Par ailleurs, il n'y a plus beaucoup d'entreprises françaises au Niger à part Orano (ex-Areva)", a-t-il rappelé auprès de l'AFP. La multinationale a d'ailleurs fait savoir ce mardi que ses "activités opérationnelles" au Niger se poursuivaient.
Pas de départ d'entreprises françaises
S'il "ne nie pas" la montée de ce ressentiment dans ces pays africains, il assure qu'il "ne se traduit pas par des départs d'entreprises françaises. (…) Il peut y avoir des départs d'entreprises pour d'autres raisons, mais pas pour celle-là à mon sens", poursuit-il, indiquant ne pas avoir "connaissance" d'entreprises qui auraient "quitté le Mali, le Niger ou le Burkina Faso à cause d'événements politiques ou de l'évolution des régimes sur place".
En revanche, "cela n'est évidement pas favorable pour l'ambiance générale des affaires", reconnaît le président du CIAN. Pour lui, cette instabilité politique dans la région va inciter les investisseurs à retarder "la création de nouvelles installations", voire à "renoncer à investir dans ces pays".
Des départs liés à "l'incertitude"
Au-delà du seul Sahel, plusieurs entreprises tricolores ont cessé leur activité en Afrique Subsaharienne ces dernières années. Mais davantage pour des questions de "réorientation stratégique" qu'en réaction à des bouleversements politiques, affirme Etienne Giros. Le groupe Bolloré a notamment vendu sa filiale Bolloré Africa Logistics fin 2022, tout en maintenant ses autres activités sur le continent.
BNP, Société Générale, Crédit agricole… Les groupes bancaires français y ont également réduit leur présence: "C'est lié à l'incertitude de la situation générale en Afrique", mais surtout à "la taille des marchés", souligne Etienne Giros.
Lorsque la conjoncture se dégrade, ce sont ces mêmes marchés qui sont délaissés, au profit des marchés domestiques. Sans compter qu'il est parfois difficile de s'y faire une place avec l'arrivée et le développement de nouveaux concurrents.