Niger : vers une levée de l’immunité présidentielle de Mohamed Bazoum ?
Les derniers développements ne cessent de s’accélérer de jour en jour…
La Cour d’État s’est réunie, ce 5 avril, autour de la levée de l’immunité du président déchu. Les rapports affirment qu’une levée de l’immunité présidentielle est très proche.
Bien qu’il ne soit pas officiellement poursuivi, ce dernier est accusé par ses tombeurs, notamment, de « haute trahison » et d’« apologie et financement du terrorisme ».
Toujours séquestré par les putschistes du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), Mohamed Bazoum pourrait bien perdre son immunité présidentielle. Bien qu’il ne soit pas officiellement poursuivi, le président déchu est accusé par ses tombeurs de « complot ayant pour but de porter atteinte à l’autorité ou la sûreté de l’État » et de « haute trahison », rapporte Jeune afrique.
S’y ajoute désormais l’accusation d’« apologie et de financement du terrorisme », tel que l’a fait valoir le procureur général ce 5 avril devant la Cour d’État – créée en remplacement de la Cour de cassation et du Conseil d’État dissous après le coup d’État au Niger du 26 juillet 2023. L’audience, ouverte à 9 heures, a duré près d’une heure trente, au cours de laquelle le procureur général s’est longuement exprimé sur les accusations visant le président renversé. La Cour, saisie par le juge d’instruction et le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire de Niamey, rendra son délibéré le 10 mai.
Tentative supposée d’évasion
En octobre 2023, la junte du général Abdourahmane Tiani accusait Mohamed Bazoum d’avoir tenté de s’évader. Une accusation confirmée le 31 octobre par le procureur général près la cour d’appel de Niamey, Salissou Chaïbou, mais fermement réfutée par l’entourage et les avocats de Mohamed Bazoum. Les autorités de Niamey souhaitent également poursuivre l’ancien président pour « haute trahison », au motif que celui-ci aurait échangé avec des puissances étrangères et avalisé l’idée d’une opération militaire pour le faire libérer.
Les accusations d’apologie et de financement du terrorisme renvoient quant à elles à la volonté assumée de Mohamed Bazoum de négocier avec les Nigériens ayant rejoint les rangs des groupes jihadistes – que ses contempteurs accusent d’avoir financés. Ils lui reprocheraient également les propos tenus lors d’une interview accordée en 2023 à Jeune Afrique.
Armer des civils « est une erreur tragique »
Interrogé, à l’époque, sur la possibilité d’armer des civils pour lutter contre les groupe jihadistes, Mohamed Bazoum avait répondu : « Si les terroristes sont plus forts et plus aguerris que l’armée, comment des civils pourraient-ils leur résister ? Distribuer des armes à des civils est une erreur tragique. » Des propos que les autorités actuelles ont retenu contre l’ancien chef de l’État pour étayer leurs accusations d’apologie du terrorisme.
À l’audience de ce vendredi matin, Bazoum était représenté par Me Moussa Coulibaly. Ancien bâtonnier du Niger, il assure la défense du président déchu avec le Sénégalais Mohamed Seydou Diagne, l’ancien bâtonnier mauritanien Brahim Ould Ebetty, la bâtonnière dauphine ivoirienne Florence Loane et l’avocat américain Reed Brody. N’ayant toujours pas pu lui rendre visite, ses avocats réclament, en plus de le voir, de pouvoir consulter le dossier, auquel il n’ont pas non plus accès.