France : L'opposition moque la «nouvelle méthode» d'Emmanuel Macron
Une semaine avant le premier tour des élections législatives, Emmanuel Macron a dévoilé sa «nouvelle méthode» pour son second quinquennat dans un entretien à la presse régionale.
Il veut réunir «un Conseil national de la refondation» associant «les forces politiques, économiques et sociales, associatives, des élus des territoires et des citoyens tirés au sort».
Ce projet, présenté comme «une révolution culturelle», sera «enclenché après les législatives». Sa mission ? Porter les priorités présidentielles : «l'indépendance (industrielle, militaire, alimentaire…), le plein-emploi, la neutralité carbone, les services publics pour l'égalité des chances et la renaissance démocratique avec la réforme institutionnelle». Une initiative qui suscite les railleries de l'opposition.
La gauche a tiré à boulets rouges sur le projet présidentiel. Jean-Luc Mélenchon, en campagne pour la NUPES, dénonce «une grande refondation pour parler de sujets sur lesquels il [Emmanuel Macron] n'a aucune idée à proposer». Le député La France insoumise de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière charge lui aussi le Président, sur France Info : «Monsieur Macron sent le danger, iI fait croire qu'il va mettre en place un bidule et écouter les Français».
«Emmanuel Macron veut décider tout seul et va créer une nouvelle usine à gaz avec ce Conseil national de la refondation», a réagi, grinçante, Catherine Perret, secrétaire confédérale de la CGT chargée des retraites et de la protection sociale auprès de France Info .
Quant à la référence assumée au Conseil national de la Résistance, créé en 1942 par le général de Gaulle, puis confié à Jean Moulin afin d'organiser la vie politique et sociale après la guerre, elle y voit une «provocation». Car le CNR «a créé des droits, des améliorations qui sont toujours en vigueur et Monsieur Macron veut la détruire et détruire les droits à la retraite», a-t-elle ajouté.
Emmanuel Macron a, en effet, clairement assumé une ressemblance avec le CNR : «Nous vivons un temps comparable. Nous sommes dans une ère historique qui impose de changer profondément de modèle, et puis, la guerre est là», a-t-il certifié. «Il y a quelque chose d'un peu indécent à tenter de transposer une telle époque dans la nôtre», s'est inquiété François-Xavier Bellamy, qualifiant le Conseil national de la refondation de «récupération politique assez médiocre».
Pour l'ancienne tête de liste Les Républicains aux élections européennes, le Conseil national de la refondation «n'est qu'un gadget de plus». «Le chef de l'État nous dit : 'Je vais arrêter de tout décider tout seul, maintenant on va rentrer dans un grand débat permanent', mais Emmanuel Macron est à deux doigts d'inventer l'Assemblée nationale !», a-t-il ironisé chez nos confrères de France Info .
Le président du groupe Les Républicains au Sénat Bruno Retailleau dénonce quant à lui un «vide politique» qui «tente de se cacher derrière la grandiloquence des mots et la pesanteur des artifices de communications».
Le président du Collège de philosophie, Pierre-Henri Tavoillot, regrette dans une tribune publiée dans Le Figaro une désinvolture à l'égard du Parlement. «Puis-je me permettre de traduire le message présidentiel en clair ? «Citoyennes et citoyens de France, vous pouvez aller voter par civisme les 12 et 19 juin, mais, franchement, je vous le dis, aucun des défis importants ne sera plus ni examiné ni relevé par l'Assemblée au cours des cinq années qui viennent. Donnez-moi seulement une majorité dans cette Assemblée afin que je puisse cesser de faire appel à elle…». Rapporte Le Figaro.