Quand le patron d'OceanGate comparait la colle du sous-marin Titan à "du beurre de cacahuète"
Le sous-marin Titan, détruit par une implosion au cours d'une plongée visant à rejoindre l'épave du Titanic, était scellé grâce à une colle ressemblant à du "beurre de cacahuète", avait expliqué le PDG de l'entreprise OceanGate Expeditions, qui a développ
Le sous-marin Titan, détruit par une implosion au cours d'une plongée visant à rejoindre l'épave du Titanic, était scellé grâce à une colle ressemblant à du "beurre de cacahuète", avait expliqué le PDG de l'entreprise OceanGate Expeditions, qui a développé et exploité l'appareil.
Ces explications ont été fournies par Stockton Rush dans un clip promotionnel publié sur la chaîne YouTube de l'entreprise en 2018, repéré par le média Insider, au cours duquel il présente notamment l'assemblage d'un anneau en titane avec la coque composée de fibre de carbone du Cyclops II, renommé par la suite Titan.
La pose de cette colle "est plutôt simple, mais si nous faisons une erreur, il y a peu de chances de s'en sortir", prévenait alors Stockton Rush.
Le PDG d'OceanGate Expeditions montrait alors que cette colle était "très épaisse, pas comme de la colle [blanche d'écolier]. C'est comme du beurre de cacahuète".
Craintes de plusieurs anciens employés.
Ces déclarations prennent une nouvelle dimension après la mort de Stockton Rush et des quatre autres passagers dans l'implosion du Titan, déclarée officiellement le 22 juin. Plusieurs enquêtes sont en cours pour tenter de déceler l'origine de l'accident.
Au cours des jours qui ont suivi la disparition du sous-marin, plusieurs experts et anciens employés d'OceanGate ont fait part de leurs doutes vis-à-vis de la fiabilité du Titan.
David Lochridge, ancien directeur des opérations maritimes de la société entre 2015 et 2018, avait mis en évidence plusieurs points faibles du sous-marin, le plus gros étant la coque en fibre de carbone.
Après avoir fait part de ses réserves à Stockton Rush, il avait été licencié.
"J'ai tellement peur qu'il se tue et qu'il tue d'autres personnes pour stimuler son ego", confiait alors David Lochridge dans un mail envoyé à un autre collègue sceptique, qui a également fini part quitter l'entreprise, selon le New Yorker.
Dans un vlog avec un vidéaste publié sur Youtube en 2021, le PDG d'OceanGate avait fait part de son hostilité vis-à-vis des réserves sur son travail: "Nous avons trop souvent entendu les cris sans fondement 'vous allez tuer quelqu'un'. Je prends cela comme une grave insulte personnelle".
Refus de faire certifier le Titan
Avançant le caractère "innovant" des activités de son entreprise, Stockton Rush avait toujours refusé de faire certifier le Titan par les autorités américaines et l'appareil était donc officiellement un projet expérimental, bien qu'il ait été mobilisé dans un cadre commercial lors de plusieurs expéditions sous-marines dans les mois qui ont précédé l'accident.
"Bien que les agences de classification soient disposées à poursuivre la certification de conceptions et d'idées nouvelles et innovantes, leur cycle d'approbation s'étend souvent sur plusieurs années en raison du manque de normes préexistantes", avait déploré Stockton Rush sur son blog.
Il avait reconnu que son projet de submersibles pour rejoindre le Titanic "va à l'encontre de l'orthodoxie en matière de submersibles, mais c'est la nature même de l'innovation".
On ne sait pas si la colle spécifiquement utilisée pour sceller les parties en titane et en fibre du carbone du Titan était elle-même une innovation mise au point par OceanGate.