Qui était Philippe de Gaulle ? quatre choses à savoir sur son parcours hors normes
L'amiral Philippe de Gaulle, fils du général, est décédé dans la nuit du mardi 12 au mercredi 13 mars, à l'âge de 102 ans. Un hommage national lui sera rendu aux Invalides la semaine prochaine.
Bien qu'il ait joué un rôle important pendant la Seconde Guerre mondiale, le militaire est toujours resté dans l'ombre de son père, malgré sa brillante carrière au sein de la marine et en tant que parlementaire.
Aujourd'hui, le président de la République, Emmanuel Macron, lui a rendu hommage sur le réseau social X, saluant "un siècle de bravoure française".
En 1940, à l'âge de 18 ans, Philippe de Gaulle s'est rendu en Angleterre pour rejoindre son père, le général de Gaulle, qui était parti à Londres pour lancer la Résistance contre le régime nazi d'Adolf Hitler, qui venait d'envahir une grande partie de la France.
Le jeune homme s'est engagé dans les Forces navales françaises libres et a combattu activement l'invasion allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. En été 1944, il a débarqué à Utah Beach avec la deuxième division blindée, deux mois après l'arrivée des Alliés qui avaient sécurisé la zone.
Les troupes dirigées par le général Leclerc ont réussi à atteindre Paris. L'exploit principal de Philippe de Gaulle a été d'obtenir la reddition de centaines de soldats allemands retranchés dans le bâtiment de l'Assemblée nationale, le palais Bourbon, dans la capitale.
"J'étais entouré de 400 Allemands avec leur bazooka, derrière des sacs de sable. À ce moment-là, j'ai réalisé que je risquais de ne plus jamais revoir le reste de ma vie", se souvenait-il en 2019, selon des propos rapportés par Le Monde. "Ils auraient pu me faire disparaître dans la cave."
Après avoir combattu en tant que fusilier marin pendant la Seconde Guerre mondiale, Philippe de Gaulle a gravi les échelons de la Marine sur divers théâtres d'opérations, jusqu'à atteindre le grade d'amiral. Il a pris sa retraite militaire en 1982.
Ensuite, Philippe de Gaulle s'est lancé dans une carrière politique au sein du RPR de Jacques Chirac. Il a été élu sénateur de 1986 à 2004. "Même si le cliché du sénateur qui somnole après les repas est désuet, ce n'était plus la Marine, quand je courais partout", a-t-il commenté avec malice dans Paris Match en 2020.
Bien qu'il soit également impliqué au Conseil de Paris et au Conseil régional, il n'a pas fait de coup d'éclat majeur pendant ses différents mandats. Au Sénat, il s'est principalement spécialisé dans les questions de défense.
Une vie vécue dans l'ombre du Général
Depuis sa jeunesse, Philippe de Gaulle doit composer avec le parcours extraordinaire de son père. Le militaire de carrière devenu homme d'État et initiateur de la création de la Vᵉ République entretient une certaine distance avec son fils. Il se montre plus sévère envers son aîné qu'envers ses deux filles.
Le Général refuse notamment de récompenser son fils pour ses actes de bravoure pendant la guerre, de peur d'être accusé de favoritisme. Ainsi, Philippe de Gaulle n'a jamais été nommé Compagnon de la Libération, ni reçu la médaille de la Résistance.
À la mort de Charles de Gaulle en 1970, Philippe de Gaulle exprime sa relation avec son père de manière poignante. "Voici donc la fin d'un des plus grands hommes de France et d'un père qui m'a souvent donné l'impression qu'il aurait tout aussi bien sacrifié son fils que lui-même pour son destin historique", déclare-t-il, selon des propos rapportés par Le Figaro. "Je lui ressemblais, en plus petit", ajoute-t-il dans l'un de ses livres, évoquant toujours le "grand Charles".
En tant que gardien de l'héritage familial, après la mort de son père, Philippe de Gaulle prend les devants pour préserver l'intégralité de cet héritage. Il hérite de la maison de Colombey-les-Deux-Églises (Haute-Marne). Il rédige également plusieurs livres, dont des mémoires, où il partage sa vision du gaullisme.
Avec sa sœur, il obtient également les droits d'auteur littéraires des œuvres de son père et tente même de consigner l'ensemble des documents manuscrits de l'homme du 18 juin dans une collection auprès d'une maison d'édition.
Son livre "De Gaulle : mon père", publié entre 2003 et 2004, rencontre également un grand succès auprès du public. C'est une autre façon pour lui d'évoquer la figure historique de son père, qu'il a côtoyée tout au long de sa vie.