Présidentielle 2022 en France : sueurs froides à la Macronie, écrit Neila Latrous
Neila LATROUS, journaliste politique franco-algérienne a écrit pour Franceinfo et Radio France, un article publié le vendredi 25 mars 2022.
Et si rien ne se passait comme prévu ? Autour d’Emmanuel Macron, certains imaginent… une victoire de Marine Le Pen à la présidentielle.
Il y a comme une forme de déception chez des soutiens d’Emmanuel Macron. "La campagne est frustrante pour nous, dit l’un de ses défenseurs, notamment parce que le président n’a pas totalement envie d’être candidat, et que le temps qu’il consacre au programme n’est pas celui qui devrait être." C’est un proche qui livre cette confidence.
Lui et d’autres observent que l’envolée dans les sondages marque le pas. "Nous étions montés artificiellement au dessus des 30 avec la guerre en Ukraine" dit un élu. Depuis ces mêmes sondages refluent tout doucement. La présentation du projet n’a pas eu l’effet de blast escompté.
Constat partagé côté Marine Le Pen. "Le président perd 0,5 à 1 point par jour", note un député Rassemblement national. Le risque identifié à En Marche, c’est une fin de campagne sans dynamique pour Macron. Et un écart finalement bien moins important que prévu avec Le Pen. Ce scénario aura forcément des conséquences sur le second tour, en raison des reports de voix jugés favorables pour Marine Le Pen, qui estime avoir déjà gagné de nouveaux électeurs.
"Elle peut faire le même score qu’en 2017, avec en plus Zemmour dans les pattes", décrypte un proche pour qui c’est la preuve qu’il existe un nouvel électorat mariniste.
Au second tour, la candidate RN espère rafler les voix pro-Zemmour, une partie de celles de Valérie Pécresse. Pourquoi pas une minorité de Mélenchonistes ? Elle mise aussi sur l’abstention de la gauche, qui, espère-t-elle, ne retournera pas voter Macron.
De l’autre côté, constat amer d’un soutien du président : "Notre seul socle éventuel au second tour, c’est une gauche faible – Hidalgo, Jadot – et une faible partie du petit électorat de Pécresse." C’est ce qui fait dire aux uns et aux autres que "ce second tour risque d’être beaucoup plus ouvert qu’on ne le pense".
Le débat du second tour
Il y a certes le débat de l’entre-deux tours, souvent déterminant. Mais là encore, on ne mise plus trop là dessus chez Emmanuel Macron, parce que "Marine Le Pen s’est incroyablement crédibilisée" justifie un ministre. Certains vont plus loin au gouvernement. "Elle est excellente, elle ne dit pas de conneries, elle est super posée" peut-on entendre. "En fait, il lui suffit d’être moyenne au débat pour le gagner", tranche un proche du président.
C’est pour ça qu’autour d'Emmanuel Macron, on va s’employer dans les prochains jours pour tordre le cou à l’idée qu’il est un candidat de droite. Pour éviter ce scénario catastrophe, les Macronistes doivent réactiver le réflexe de barrage républicain d’une grosse partie de la gauche.
Les Marcheurs veulent ainsi à tout prix déminer, par exemple, la mesure sur le RSA, dont le versement sera conditionné si le président est réélu à "15 à 20 heures d'activité d'insertion".