Qui est Kemi Seba, militant d'origine africaine et déchu de sa nationalité française ?
Une issue logique et attendue pour Stellio Capo Chichi, plus connu sous le nom de Kemi Seba.
Né à Strasbourg en 1981 de parents béninois naturalisés français, cet activiste radical panafricain n'est désormais plus un citoyen français.
Dans son édition du 9 juillet 2024, le Journal Officiel comporte ainsi une copie du décret pris la veille, lundi 8 juillet, et officialisant la perte de nationalité du quadragénaire.
Comme l'indique le décret en question, cette décision a été prise "sur l'avis conforme du Conseil d'Etat" et prend effet immédiatement.
"Mon client est très heureux, a commenté Juan Branco, l’avocat de Kemi Seba, cité par Libération. Il m’avait confié une lettre de renonciation (à la nationalité française) avant même que la procédure ne soit entamée, et prend acte de la décision finale."
"Une posture constante et actuelle résolument anti-française"
A l'origine de cette procédure de déchéance de la nationalité, Kemi Seba était notamment accusé de se livrer "depuis plusieurs années, à divers agissements destinés à attiser dans les pays d’Afrique de l’Ouest un sentiment anti-français", comme l'expliquait un courrier de la Direction de l'intégration et de l'accès à la nationalité adressé à l'intéressé et rendu public en février dernier.
"Vous organisez ou participez à des manifestations et conférences dans divers pays (…) à l’occasion desquelles vous diffusez des messages hostiles à la France, critiquant la présence française en Afrique que vous qualifiez de néocolonialisme. (…)
Votre comportement et vos propos révèlent une posture constante et actuelle résolument anti-française, susceptible de porter gravement atteinte aux intérêts français et de nature à caractériser une déloyauté manifeste à l’égard du pays dont vous avez la nationalité", continue le sous-directeur de l’accès à la nationalité française, qui motive ainsi la procédure de perte de nationalité française au titre de l’article 23-7 du code civil qui prévoit que "le Français qui se comporte en fait comme le national d’un pays étranger peut, s’il a la nationalité de ce pays, être déclaré, par décret après avis conforme du Conseil d’Etat, avoir perdu la qualité de Français".
Condamné pour antisémitisme et proche de Dieudonné
Peu connu du grand public, Kemi Séba est proche de Dieudonné, avec qui il partage les idées antisémites, et de l'idéologue d'extrême droite Alain Soral, avec qui il assure toutefois avoir pris ses distances.
Il se fait connaître au début des années 2000, par l'intermédiaire de son groupuscule Tribu Ka, dans le viseur du ministre de l'Intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy. Dissous en 2006, Tribu Ka est à l'origine d'incidents à caractère antisémite en mai 2006, lors d'une manifestation au cœur du quartier juif du Marais.