Sheikh Hasina Wazed, âgée de 76 ans, est une figure emblématique de la politique bangladaise, ayant servi cinq mandats en tant que Première ministre (1996-2001, 2009-2024).

Fille de Sheikh Mujibur Rahman, le père fondateur du Bangladesh, elle a marqué l’histoire du pays par ses réalisations et ses controverses.

Retour d'exil et lutte pour la démocratie

Après un exil prolongé, Sheikh Hasina est retournée au Bangladesh en 1981 pour diriger l’Awami League, le parti politique fondé par son père. Elle a joué un rôle crucial dans la chute de la dictature militaire dans les années 1980, contribuant à rétablir la démocratie dans le pays.

Réalisations

Sous sa direction, le Bangladesh a connu une forte croissance économique et un développement significatif de l'industrie textile. Sheikh Hasina a également accueilli des centaines de milliers de réfugiés rohingyas, fuyant les persécutions au Myanmar. Cependant, son gouvernement a souvent été critiqué pour des violations des droits de l'homme, la répression de l'opposition et des tendances autoritaires.

Démission et exil

En août 2024, Sheikh Hasina a démissionné et fui vers l'Inde à bord d’un hélicoptère suite à des manifestations massives contre les quotas d’embauche dans l’administration. Ces manifestations, qui ont débuté en juillet, ont causé la mort d'au moins 413 personnes. Le président du Bangladesh, Mohammad Shahabuddin, a dissous le Parlement le 6 août, répondant ainsi aux revendications des manifestants.

Proposition de Muhammad Yunus pour le gouvernement intérimaire

Le chef du principal mouvement étudiant, à l’origine des manifestations, a proposé que le Prix Nobel de la paix Muhammad Yunus dirige le gouvernement intérimaire. Muhammad Yunus, âgé de 84 ans, est reconnu pour son travail en microfinance qui a aidé des millions de personnes à sortir de la pauvreté. Bien qu’il n’ait pas encore commenté officiellement cette proposition, il a récemment critiqué le régime de Sheikh Hasina, affirmant que le Bangladesh était "un pays occupé" sous son gouvernement.

Libération de Khaleda Zia

L’ex-première ministre et cheffe de l’opposition, Khaleda Zia, a été libérée le 6 août, moins de 24 heures après que le chef de l’État a ordonné sa libération. Mme Zia, condamnée à dix-sept ans de prison pour corruption en 2018, a été libérée dans le contexte de l’instabilité politique actuelle.

 Réaction de la police et des militaires

Le principal syndicat de policiers, l’Association de la police du Bangladesh, a annoncé une grève jusqu’à ce que la sécurité de chaque membre de la police soit assurée. Le chef de l’armée, le général Waker-Uz-Zaman, a promis la formation prochaine d’un gouvernement intérimaire et la levée du couvre-feu, affirmant vouloir réparer "toutes les injustices".

Situation à Dacca

Mardi, la situation à Dacca était relativement calme. Les transports en commun ont repris et les magasins ont rouvert, bien que les bureaux de l'administration soient restés fermés. La veille, des manifestants avaient envahi le Parlement, incendié des chaînes de télévision progouvernementales et détruit des statues de Sheikh Mujibur Rahman. Des bureaux de la Ligue Awami, le parti de Sheikh Hasina, ont également été incendiés et pillés à travers le pays. Des commerces et des maisons appartenant à des hindous ont été attaqués, accentuant les tensions communautaires.

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La situation politique du Bangladesh reste incertaine alors que le pays se prépare à une transition vers un gouvernement intérimaire dirigé potentiellement par Muhammad Yunus. Les prochains jours seront cruciaux pour déterminer la stabilité future du Bangladesh et la direction politique qu’il prendra.