Nicolas Sarkozy face à de lourdes accusations
La justice a tranché : Nicolas Sarkozy a été doublement mis en examen ce vendredi dans l'enquête sur des manoeuvres frauduleuses pour le disculper des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.
D'après une source, l'ex-chef de l'Etat a été mis en examen pour recel de subornation de témoin, concernant la rétractation de l'intermédiaire Ziad Takieddine de ses accusations contre lui fin 2020, et participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre l'infraction d'escroquerie au jugement en bande organisée, rapporte l'AFP.
« Nicolas Sarkozy est fermement décidé à faire valoir ses droits, établir la vérité et défendre son honneur », ont indiqué ses avocats, Mes Jean-Michel Darrois et Christophe Ingrain, après l'annonce de la mise en examen de l'ancien président.
Vers un nouveau procès
Cette décision ouvre la voie à un possible nouveau procès pour l'ancien président. Elle a été prise au terme d'une trentaine d'heures d'interrogatoire, mené par deux magistrats financiers chargés de cette information judiciaire ouverte en mai 2021.
Par cette mise en examen, les juges signifient qu'ils estiment disposer de suffisamment d'indices graves ou concordants quant à sa participation aux manoeuvres élaborées par au moins neuf autres protagonistes impliqués à des degrés divers.
Parmi les mis en cause, la reine des paparazzis Mimi Marchand, l'intermédiaire Noël Dubus - déjà condamné pour escroquerie - ou le puissant chef d'entreprise David Layani. Les poursuites contre le financier Pierre Reynaud, mort en mai, sont éteintes.
Manoeuvres frauduleuses
La première manoeuvre menée par le groupe aurait d'abord consisté à obtenir la rétractation des accusations contre Nicolas Sarkozy du sulfureux intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine, fin 2020, en échange d'une possible rémunération.
Ce revirement avait donné lieu à une retentissante interview sur BFMTV et Paris Match, point de départ de l'enquête.
Puis, au premier semestre 2021, certains des mis en cause auraient tenté d'obtenir une preuve que le document libyen, publié dans l'entre-deux-tours de la présidentielle 2012 par Mediapart et évoquant un financement à hauteur de 50 millions d'euros, était un faux.
Certains protagonistes de cette opération sont aussi soupçonnés d'avoir tenté de corrompre des magistrats libanais pour qu'ils libèrent un fils Kadhafi détenu dans ce pays, afin que la famille du défunt dictateur libyen facilite la mise hors de cause de l'ancien président.
Pour les enquêteurs, selon un chiffrage récemment établi, au moins 608.000 euros auraient pu être utilisés pour l'ensemble de l'opération, dont les protagonistes contestent la teneur frauduleuse.