La reine Elizabeth II et les présidents français, de Vincent Auriol à Emmanuel Macron
Elle a vu défiler trois Républiques françaises et, comme reine, pas moins de dix présidents français. En 70 ans de règne, Elizabeth II, décédée ce jeudi 8 septembre, a aussi traversé l'histoire hexagonale.
La reine d'Angleterre aura, au cours de ces décennies, rencontré tous ces dirigeants, souvent à plusieurs reprises, sur le sol français ou britannique, Selon Tf1info
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Francophile avertie, elle a même entretenu avec certains d'entre eux des relations privilégiées. Encore princesse à l'époque, Elizabeth II est venue pour la première fois dans l'Hexagone en 1948.
"Il faut que nous puissions mettre en commun les dons et les vertus qui sont notre héritage le plus cher", déclarait-elle dans un français parfait, en marge de sa rencontre avec Vincent Auriol, président d'alors. Ce dernier lui a également remis la légion d'honneur.
"C'est avec la plus grande simplicité et avec notre cœur fervent que nous voulons recevoir Votre Altesse royale, comme l'a déjà fait le peuple de Paris qui, déjà, vous a accueillie dans son cœur", lance-t-il alors.
Une fois couronnée, Elizabeth II découvre la France au fil de ses présidents : René Coty en 1957 puis le général de Gaulle quelques années plus tard.
L'ancien chef de la France Libre est particulièrement bien accueilli en Angleterre. Outre une apparition au balcon de Buckingham sous les vivats de la foule, le dirigeant français a le droit à des croix de Lorraine glacées au dessert, raconte Marc Roche dans sa biographie Elizabeth II : la dernière reine.
Par la suite, la monarque fait la rencontre de Georges Pompidou. Lequel commet un faux pas très remarqué en lui prenant le bras au moment de monter les marches de l'Élysée. Le protocole interdit pourtant de toucher la souveraine. Pas de quoi l’offusquer.
"Elle a eu d'excellentes relations avec le couple Pompidou. Elle aurait même entretenu une correspondance suivie avec Claude Pompidou après la mort de son époux", explique au Point l'historienne Isabelle Rivière.
L'amitié avec François Mitterrand
Par la suite, la reine offre l'un de ses chiens, Samba, à Valéry Giscard d'Estaing. Lors de son déplacement à Londres, "VGE" avait d'abord pris soin de rappeler les liens indéfectibles unissant la France et la Grande-Bretagne.
Néanmoins, c'est avec François Mitterrand que l’entente cordiale est la plus forte.
"Il n'y avait qu'à les regarder parler ensemble. Elle, notamment.On ne pouvait s'empêcher de dire qu'elle aimait la compagnie de François Mitterrand, qu'elle avait du plaisir à discuter avec lui", confirme Hubert Védrine, ancien secrétaire général de la présidence de la République, à Point de Vue.
Ensemble, le président socialiste et la souveraine rompent la dernière frontière symbolique entre leurs deux pays désormais reliés par un tunnel.
"C’est la première fois dans l’histoire que les chefs d’État de France et de Grande-Bretagne se rencontrent sans avoir dû prendre le bateau ni l’avion", déclare à l'époque Elizabeth II.
La reine, qui s'est rapidement habituée à l’Eurostar, apprécie toujours les bains de foule parisiens... Presque autant que Jacques Chirac, son hôte en 2004.
Figure immuable, elle intimide, impressionne. À Paris, comme en Grande-Bretagne. À commencer par Nicolas Sarkozy : "C’est comme un rêve de résider à Windsor. Nous pourrons dire : nous y étions".
C'est finalement avec François Hollande que la relation entre la reine et les dirigeants tricolores se concrétise symboliquement avec l'inauguration - de son vivant - d'une place au nom d'Elizabeth II.