Archéologie : on sait enfin le secret de la résistance du béton fabriqué par les Romains
De nombreuses structures en béton bâties par les Romains sont toujours debout. Alors même que certaines, plus modernes, s’effondrent en moins d’un siècle.
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Comment se fait-il que certains réseaux de routes, d'aqueducs, ou des bâtiments construits en béton il y a 2 000 ans tiennent encore debout ? Et ça, alors que d'autres - plus récents - se sont effondrés ? Le Panthéon de Rome (qui date de 128 après Jésus-Christ et qui possède le plus grand dôme en béton non armé du monde) est un exemple de cette résistance incroyable.
Les scientifiques ont d’abord pensé que c'était grâce à la présence de pouzzolane, une pierre volcanique, qui était à l'origine de cette solidité. Mais l’explication n'était pas suffisante. C'est pour cela que les travaux que viennent de publier des chercheurs américains de Harvard et de l’institut de technologie du Massachusetts (MIT) sont instructifs. En observant des échantillons de béton romain, grâce à des techniques d’imagerie à très haute résolution, ils ont repéré de petits grumeaux de chaux dans le mélange. La chaux est fabriquée à base de pierre calcaire chauffée, c’est ce qui les a mis sur la piste, selon francetvinfo.
Un mélange particulier
Le secret, c’est que les Romains ajoutaient de la chaux à leur mélange. Mais pas n’importe laquelle : ils rajoutent de la chaux vive, et non pas de la chaux mélangée à de l’eau, comme on le pensait historiquement. La réaction chimique avec la chaux vive (qui dégage de la chaleur) a donné au béton une capacité d'auto-guérison qui n'était pas connue auparavant. Si des fissures qui apparaissent dans ce béton romain, elles peuvent en partie se reboucher toute seules, par réaction chimique avec le calcaire.
Ces chercheurs ont d’ailleurs fait le test : ils ont fabriqué un bloc de béton à base de pierre volcanique et de chaux vive, ils l’ont fissuré, ils ont fait couler de l’eau dessus et, en deux semaines, les fissures étaient complètement cicatrisées. L'eau ne passait plus à travers l'échantillon, contrairement à ce qui se passe avec un béton classique. Cette vieille recette peut nous servir aujourd’hui, car, remise au goût du jour, elle pourrait permettre de construire des coffrages en béton plus légers, mais tout aussi solides. Suite à leurs recherches, les chercheurs du MIT travaillent d’ailleurs déjà à la commercialisation de nouvelles formules de béton inspirées par les Romains.