Retrait surprenant : Burkina Faso, Mali et Niger Quittent la CEDEAO en raison de divergences sécuritaires et politiques
Trois nations sahéliennes, le Burkina Faso, le Mali et le Niger, dirigées par des gouvernements militaires, ont annoncé leur retrait immédiat de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) le dimanche 28 janvier.
Cette décision spectaculaire a été communiquée simultanément à travers les journaux de midi des chaînes de télévision publiques de ces trois pays, accompagnée d'un communiqué signé par les dirigeants militaires maliens, burkinabè et nigériens respectivement, Assimi Goïta, Ibrahim Traoré et Abdourahamane Tiani.
Le communiqué exprime le regret, l'amertume et la déception des peuples du Burkina Faso, du Mali et du Niger face à l'éloignement de la CEDEAO des idéaux de ses fondateurs et du panafricanisme après près de cinquante ans d'existence. Les dirigeants militaires soulignent également le manque de soutien de l'organisation dans la lutte contre le terrorisme, pointant du doigt une trahison de ses principes fondateurs sous l'influence de puissances étrangères. Les sanctions jugées injustes et la fragilisation des populations par des années de violence terroriste sont également évoquées comme des facteurs déterminants dans cette décision.
Cette rupture intervient après une série de coups d'État en 2020 à Bamako, en 2022 à Ouagadougou et en 2023 à Niamey, entraînant des tensions croissantes avec la CEDEAO qui avait suspendu ces pays de ses instances et imposé des sanctions lourdes au Mali et au Niger, menaçant ce dernier d'une intervention militaire sur son territoire.
Malgré des mois de signaux indiquant la volonté de quitter la CEDEAO, les trois pays ont officiellement formalisé leur départ en créant fin décembre l'Alliance des États du Sahel (AES) pour renforcer leur coopération régionale.
Cette défection inédite soulève des interrogations sur les conséquences pour les populations, notamment en ce qui concerne la libre circulation, les échanges commerciaux, les droits de douane et la monnaie, le franc CFA, géré par l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). C'est la première fois depuis la création de la CEDEAO en 1975 qu'un groupe de pays décide de se retirer, à l'exception de la Mauritanie en 2000.
Face à cette annonce surprenante, la CEDEAO a officiellement réagi. Le président de la Commission de la CEDEAO, Omar Alieu Touray, a déclaré attendre une demande écrite officielle tout en laissant la porte ouverte à des négociations. La CEDEAO, malgré la stupéfaction, continue de tendre la main aux dirigeants militaires des trois pays pour trouver une solution négociée, posant ainsi un défi majeur à l'Afrique de l'Ouest à quelques mois du 49e anniversaire de l'organisation régionale.