Roland Lombardi à « Al-Ain News »: La diplomatie émiratie joue l'apaisement dans la guerre ukrainienne et privilégie les voies du dialogue
Roland Lombardi, a indiqué à Al-Ain News" que : La diplomatie émiratie joue l'apaisement et a appelé toutes les parties à la guerre ukrainienne à se conformer au droit international humanitaire.
Roland Lombardi, historien, géopolitologue, Professeur à l’Université d’Aix Marseille I, a indiqué à Al-Ain News" que : La diplomatie émiratie joue l'apaisement et a appelé toutes les parties à la guerre ukrainienne à se conformer au droit international humanitaire, à accorder la priorité à la protection des civils et à donner un accès sans entrave pour faire parvenir les aides humanitaires à ceux qui en ont besoin.
Le géopolitologue français a souligné que: « le ministère émirati des Affaires étrangères, la représentante permanente des EAU auprès des Nations Unies a appelé, lors de la réunion tenue vendredi par le Conseil de sécurité, sur l'intervention militaire russe en Ukraine, à « une désescalade immédiate et à la fin des hostilités ». Considérant que le résultat du vote du Conseil de sécurité de l'ONU(sur la décision de condamner l'intervention russe) était acquis d'avance, il était nécessaire que les voies du dialogue doivent plus que jamais rester ouvertes.
L’historien a estimé que ; « Pour les EAU, c'est un conflit lointain et il n'y a aucun intérêt pour eux à prendre partie. Surtout que cette guerre et les tensions entre la Russie et l'Europe vont pousser cette dernière à perdre surtout sa dépendance énergétique au profit de pays comme l’Azerbaïdjan et surtout les États-Unis qui vont se substituer aux Russes pour alimenter l’Europe en gaz, en vendant – plus cher – leur gaz de schiste ».
D’après Lombardi , la Russie et aussi la Chine qui soutient Moscou sont devenus ces dernières années des partenaires de plus en plus importants des EAU sur les plans stratégique, militaire et commercial.
Selon Lombardi, Moscou est même un grand allié des EAU sur de nombreux dossiers en Libye par exemple et également dans sa lutte contre le terrorisme et l'islam politique des Frères musulmans .
Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni à New-York, dans la nuit de vendredi, pour un vote sur le projet de résolution porté par les Etats-Unis et l'Albanie, qui devait condamner l’opération militaire russe en Ukraine ».
Comme prévu, le texte a été rejeté en raison du veto de Moscou, mais la démarche devait symboliser l'isolement international unanime de Vladimir Poutine, à l'initiative de la première guerre d'invasion sur le continent européen depuis 1939.
Lors du vote au Conseil de sécurité de l'ONU, les Emirats arabes unis se sont abstenus (avec la Chine et l'Inde).
Roland Lombardi, historien français , géopolitologue, a indiqué à Al-Ain News" :L'Ukraine ne fait pas partie de l'OTAN donc les pays membres ne peuvent intervenir directement. Cependant, les forces de l'OTAN vont envoyer des armes, de l'argent et sûrement des conseillers pour aider la résistance ukrainienne face à l'intervention russe ».
D’après Lombardi, les États-Unis et la Russie sont des puissances nucléaires et donc comme sous la Guerre froide, un conflit direct entre ces deux pays est quasiment impossible.
Le géopolitologue a estimé que « les États-Unis ne pouvant intervenir directement en Ukraine face à l'armée russe, les Américains feront tout, en aidant secrètement ou par l'envoi d'armes, de matériel et d'argent pour que la Russie s'embourbe en Ukraine et qu'elle ait beaucoup de pertes de soldats. Pour Washington, avec cette guerre il faut que la Russie connaisse un nouvel Afghanistan ».
Washington est le grand gagnant, à court terme, de ce conflit, puisque les Américains sont parvenus à séparer pour longtemps les Européens des Russes et vont pouvoir intensifier la vente de leur armement à l’Europe, a—il -ajouté.
L’historien français a considéré que : « À long terme, c’est autre chose. Pousser encore plus la Russie dans les bras de la Chine, la superpuissance de demain, n’est stratégiquement pas judicieux. Surtout en cas d’un futur et éventuel conflit entre les États-Unis et l’Empire du milieu…En attendant, cette guerre permettra de réactiver l’OTAN Et permettra aux USA d'intensifier leur emprise sur l'Europe ».
D’après Lombardi, le premier perdant est bien-sûr le peuple ukrainien qui va inévitablement souffrir. D’autant plus que Joe Biden vient encore de rappeler dans sa dernière allocution solennelle qu’il n’enverra pas des troupes en Ukraine. Les Américains, comme les Européens, n’ont pas envie d’affronter directement la Russie. Ils ne sont pas prêts et n’en ont pas les moyens.
L’historien français a considéré que : La spirale infernale devrait être rationnellement évitée. Même si la petite musique dangereuse des va-t-en-guerre, champions de l’ingérence - ceux qui aiment les « guerres justes » mais avec le sang des autres - se fait de plus en plus entendre au sein des arcanes du pouvoir à Paris, Londres et Washington, selon Lombardi.
D’après l’historien français, en attendant, après l’émotion, la sidération et l’affolement général de ces dernières heures, et d’ici une ou deux semaines, si le plan des Russes est un succès, cette intervention éclair va impacter durablement la Russie mais également l’Europe, ainsi que leurs relations. Elle va surtout avoir de lourdes conséquences sur la stabilité et la géopolitique mondiales.
Le géopolitologue a dit que: « Pour la Russie d’abord, même si Moscou a mis en place un certain nombre de protections de son système bancaire et détient d'importantes ressources naturelles ainsi que des réserves financières conséquentes (en or notamment), elle va devenir un véritable « paria » sur la scène internationale et se voir accabler par des sanctions économiques maximales.
L’historien français a souligné que : Certes, on l’a déjà vu ailleurs, et Poutine s’y est préparé, les sanctions internationales ne font en général que renforcer les régimes politiques qui en sont la cible et les forcent au contraire à innover et diversifier leur économie.
La Russie va alors se tourner de plus en plus vers la Chine – qui vient encore de confirmer son soutien –, ce qui va renforcer l’axe anti-occidental, avec néanmoins le risque pour les Russes d’une certaine forme de « vassalisation » au profit de l’adversaire historique chinois, selon Lombardi.
Selon Lombardi, l’Union européenne, en s’alignant aveuglément sur la ligne américaine et au mépris de ses propres intérêts, va perdre sur toute la ligne. Elle va être frappée par une crise énergétique et économique durable.
L’historien français a estimé que : Aujourd’hui les bourses occidentales dévissent et le prix du gaz, du pétrole et des céréales explosent. Avec cette rupture stratégique avec la Russie, l’UE perd d’abord l’un de ses principaux partenaires commerciaux car elle va inévitablement subir les représailles commerciales russes.