Santé et climat doivent être appréhendés ensemble, selon l’AFD
Apparition de virus, pollution de l’air, famine… Le changement climatique n’est pas sans conséquence pour la santé humaine, obligeant les systèmes de santé à avoir une approche plus globale mêlant santé et climat.
« Le virus du sida, Ebola ou encore le Corona viennent de la vie sauvage », rappelle d’emblée Agnès Soucat, experte santé à l’Agence française de développement (AFD), lors d’un entretien avec Euractiv, en marge du One Sustainable Health Forum.
Le One Health Forum, qui se tient les 5, 6 et 7 juillet à Lyon, a pour objectif de mettre en lumière le concept de santé durable afin de mieux comprendre la relation entre les êtres humains et la nature.
« Au XXème siècle, les technologies médicales se sont beaucoup plus développées et nous avons oublié que la santé de l’homme est liée à la nature et aux êtres vivants », regrette l’experte santé de l’AFD.
Si le lien entre santé humaine et nature a pu être oublié un certain temps, la crise du Covid a brutalement rappelé la vulnérabilité des humains face au changement climatique.
« Le risque pandémique est lié à des changements environnementaux », confirme Mme Soucat.
Partout dans le monde, les exemples se multiplient : aux Etats-Unis, cinq cas de paludisme ont été contractés en Floride et au Texas, ont alerté les autorités sanitaires des Etats-Unis, le 27 juin dernier.
Pour Agnès Soucat, les dépenses de santé ne peuvent plus se concentrer uniquement sur produire plus de médicaments et investir plus d’argent dans les services hospitaliers.
« Nous devons mettre en place des systèmes de santé plus résilient pour pouvoir mieux comprendre les dynamiques entre santé humaine et environnement », analyse-t-elle.
Moustiques et pollution de l’air
Alors que nature et santé humaine sont intrinsèquement liées, les conséquences du changement climatique ne sont pas sans danger pour l’homme et certains phénomènes météorologiques sont à l’origine de nouveaux virus.
Ainsi, les vagues de chaleur et l’augmentation des inondations ont entraîné une augmentation massive de moustiques porteurs de maladies en Europe, a alerté le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) mercredi 28 juin, selon euractiv.
Pour Andrea Ammon, directrice de l’ECDC, le changement climatique « crée des conditions plus favorables aux espèces de moustiques envahissantes telles que l’Aedes albopictus, vecteur connu des virus du chikungunya et de la dengue, et l’Aedes aegypti, connu pour transmettre les virus de la dengue, de la fièvre jaune, du chikungunya, du Zika et du virus du Nil occidental ».
Même si pour la plupart des individus les piqûres de ces moustiques ne sont pas mortelles, l’infection peut provoquer une forte fièvre, des nausées, des éruptions cutanées, ou nécessiter des soins à l’hôpital.
Autre conséquence du réchauffement climatique : la pollution de l’air, particulièrement néfaste pour la santé. Un tiers des décès provoqués par un accident vasculaire cérébral, le cancer du poumon ou une cardiopathie lui sont imputables, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Engagements de l’UE
Mais face à un changement climatique rapide et hors de contrôle, les dirigeants ont-ils pris la mesure de l’urgence ?
« C’est un sujet qui monte, des engagements ont été pris au niveau européen et au niveau international », se félicite Agnès Soucat.
Le 13 juin dernier, le Conseil de l’UE a adopté une recommandation de la Commission européenne pour mieux lutter contre la résistance aux antimicrobiens (RAM). Cette recommandation, initialement présentée dans le nouveau paquet pharmaceutique de l’UE, avait été saluée par le Parlement européen, quelques jours auparavant, le 1er juin.
La RAM représente une menace pour guérir les maladies infectieuses et est à l’origine de 35 000 décès par an. Son coût est de 1,1 milliard d’euros sur les systèmes de santé, selon les chiffres de la Commission.
La nouvelle recommandation prévoit un cadre holistique de préparation et de réaction pour lutter contre la RAM, grâce à l’approche « une seule santé », qui garantit l’inclusion de la santé humaine, animale et végétale, ainsi que leurs interactions avec l’environnement, précise la Commission dans un briefing.
Le texte définit ainsi trois grandes priorités que sont la prévention des infections, la recherche et le développement (R&D) pour un meilleur accès à d’autres alternatives médicales, et une utilisation plus modérée des antimicrobiens.
Pour rappel, l’UE a pour objectif de réduire la consommation humaine d’antibiotiques de 20 % d’ici à 2030.
Côté pollution de l’air, le paquet « Fit for 55 », prévoit de réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici à 2030.
Mais pour Agnès Soucat, « nous ne sommes qu’au début de la réalisation de l’importance de l’agenda santé et climat. Il faut aller plus rapidement ».