Décès de Silvio Berlusconi: les cinq scandales accumulés tout au long de sa vie
Silvio Berlusconi est mort ce 12 juin 2023, à l’âge de 86 ans, des suites d’une leucémie.
Trois fois président du conseil, il aura passé un peu plus de neuf ans la tête du gouvernement de son pays, un record.
Passé par l’immobilier avant de fonder un empire médiatique, richissime homme d’affaire longtemps propriétaire du club de football du Milan AC, « Il Cavaliere» (il avait été fait chevalier de l’ordre du mérite du travail, d’où son surnom), laisse derrière lui un patrimoine colossal, cinq enfants. Et toute une carrière politique émaillée par de nombreux scandales.
L’ancien premier ministre avait été jugé dans une trentaine de procès. «Ne me demandez pas combien j’ai dépensé en avocats, je pourrais m’évanouir», avait un jour déclaré le milliardaire.
La quasi-totalité de ses procès ouverts se sont pourtant terminés par des acquittements définitifs ou ont été prescrits. Passionné par le bling-bling, les soirées et les jeunes femmes, il a toujours clamé son innocence, s’estimant victime d’un acharnement judiciaire fomenté par des magistrats de gauche, décidés à le couler politiquement. Une ligne de défense qui aura fait des émules, à commencer outre-Atlantique, avec un certain Donald Trump.
Si le Cavaliere a esquivé les verdicts les plus sévères, c’est notamment grâce aux lois qu’il s’est taillées sur mesure, lorsqu’il a accédé au pouvoir. L’opposition avait recensé une vingtaine de ces lois dites «ad personam». Silvio Berlusconi recevra une seule condamnation définitive, en 2013, pour fraude fiscale.
Un réseau dans tous les milieux. Y compris au sein de la mafia ?
Immobilier, médias, banques, assurances, football… Berlusconi était à la tête d’un empire dont les ramifications s’étendaient dans de nombreux secteurs. Jusqu’à frayer avec la face sombre de l’Italie ?
Longtemps soupçonné de liens avec la mafia, le Cavaliere a fait l’objet d’enquêtes, qui n’ont jamais abouti à une condamnation. Il expliquera par exemple avoir hébergé dans sa ville d’Arcore le mafieux Vittorio Mangano, afin de protéger des menaces de Cosa Nostra, la mafia sicilienne, contre lui-même et sa famille.
Prostitution de mineur
Au printemps 2009 éclate le scandale Noemi Letizia, du nom d’une jeune fille de Naples, encore mineure, courtisée par Silvio Berlusconi. Dans la foulée l’épouse de Berlusconi, Veronica Lario, fait savoir par voie de presse qu’elle demande le divorce.
Rubygate
Se dévoile ensuite tout un système consacré au bon plaisir du nabab. L’affaire «Ruby», du surnom d’une jeune fille que Silvio Berlusconi a tenté de présenter comme la nièce de l’ancien président égyptien Hosni Moubarak, révèle un réseau de proxénétisme, qui entretient des dizaines de filles payées lors des tristement célèbres «soirées bunga bunga», organisées au sous-sol de la villa du Cavaliere.
Le crédit politique de Berlusconi, sur la scène intérieure et internationale, est sérieusement entamé. Lors du procès, il est accusé d'incitation à la prostitution et d'abus de pouvoir. Il sera finalement acquitté.
Tombé une seule fois, pour l’affaire Mediaset
Plusieurs fois été condamné en première instance, il a toujours été relaxé en appel ou a bénéficié de prescriptions. Jusqu’au 1er août 2013, date à laquelle la Cour de cassation confirme la condamnation de Silvio Berlusconi pour fraude fiscale dans l'affaire Mediaset.
Il tombe pour avoir fraudé le fisc, en surfacturant l'achat de séries télévisées afin de constituer une caisse noire dans un paradis fiscal. Condamné à quatre ans de prison, il bénéficie d’une amnistie pour trois ans et le reste de sa peine est transformé en travaux d’intérêt général (TIG) effectués à Milan dans une maison de retraite. Il est déchu de son mandat de sénateur en novembre 2013 (il le récupérera en 2022).
Corruption
En 2015, le palmarès judiciaire du fondateur du parti Forza Italia s’étoffe un peu plus. Un tribunal de Naples condamne l’ancien chef du gouvernement à trois ans de prison pour avoir versé 3 millions d'euros au sénateur Sergio De Gregorio. L'affaire remonte à 2006, lorsque la coalition de gauche a remporté de justesse les élections législatives.
Dirigée par Romano Prodi, cette coalition ne disposait que d'une très courte majorité au Sénat. Quelques mois à peine après les élections, Sergio De Gregorio, sénateur élu dans un des partis de la coalition de gauche, quitte son camp pour celui de Silvio Berlusconi. Ce qui accélère la chute de Romano Prodi, moins de deux ans après le scrutin. L’affaire est encore jugée en appel lorsqu’elle est frappée de prescription.
Mon ami Poutine
Une dernière saillie pour la route… Depuis l’invasion russe en Ukraine, Silvio Berlusconi n’aura de cesse de défendre son «ami» Vladimir Poutine. En février 2023, il déclare que l’offensive russe a été provoqué les «attaques» de l’Ukraine et rejette la responsabilité de la guerre sur le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.
Même son alliée Giorgia Meloni est embarrassée. La présidente du Conseil italien devra ensuite rappeler son «ferme soutien» à l’Ukraine. Selon MoustiqueBe.