Slovaquie : ce que l'on sait sur Juraj Chintula, suspecté d’avoir tiré sur le premier ministre Robert Fico ?
Cet écrivain de 71 ans serait l’auteur des coups de feu, d’après les médias slovaques. Il a été interpellé par les forces de l’ordre, alors que le chef du gouvernement slovaque se trouve entre la vie et la mort.
Robert Fico, le premier ministre slovaque, est entre la vie et la mort ce mercredi 15 mai après avoir été visé par quatre coups de feu à l'issue d'une réunion du gouvernement slovaque dans un centre culturel de la ville d’Handlova.
Le chef du gouvernement, visé notamment à l’abdomen et à la tête, a été hospitalisé en urgence.
Son agresseur présumé a été interpellé sur les lieux de la violente agression. D’après l’agence de presse slovaque APA et plusieurs médias nationaux et locaux, il s’agirait de Juraj Chintula, un écrivain slovaque de 71 ans, habitant la ville de Levice.
À ce stade de l’enquête, les motivations du tireur sont inconnues. Les autorités n’ont pas non plus confirmé son identité.
Fondateur d’un «Mouvement contre la violence»
L’écrivain, connu pour ses poésies, serait sympathisant du parti d'opposition «Slovaquie progressiste», précise l’agence de presse nationale. «Il a écrit trois recueils de poésie et un roman en 2010.
Depuis 2015, il est membre de l'Association des écrivains slovaques», précise le quotidien slovaque Pravda. Cofondateur du club littéraire «Dúha» (arc-en-ciel en slovaque), marqué à gauche selon le quotidien Denník N, il aurait travaillé par le passé comme agent de sécurité.
En 2016, dans ce cadre, il avait lui-même été agressé violemment par un jeune homme drogué, attirant alors l’attention des médias, rappelle Markíza TV.
La même année, il lance la création du mouvement politique «Hnutie proti nasiliu». Ce qui signifie paradoxalement «Mouvement contre la violence» en slovaque. Il avait alors lancé une pétition afin de recevoir des signatures et un soutien financier pour l'enregistrement officiel de son parti.
«La violence est souvent une réaction des gens, une forme d'expression d'un simple mécontentement face à la situation. Soyons insatisfaits, mais pas violents !», écrivait-il à l'époque, rappelle le quotidien. En Europe, «la militarisation, l'extrémisme, le néonazisme et l'anarchie sont omniprésents», dénonçait-il alors.
«Que fait le parti qui porte le nom de social ?»
Il écrivait régulièrement des chroniques politiques de gauche sur son blog, rappelle la Pravda, qui cite cet exemple : «Après tout, il n'est pas possible que 4 % de riches déviants manipulent l'ensemble de la masse et ils le permettent sans rien faire.
Cette fraction, le pourcentage, ne doit pas déterminer le système de valeurs pathogènes de la masse entière.
C'est immoral et anormal ! On dit que les gens honnêtes ne font pas de politique». Il visait régulièrement dans ses publications le gouvernement de Robert Fico. «Que fait contre cela l'État, le parti qui porte le nom de social ? Rien ! L'État ne résout pas la mendicité par la loi», écrivait-il ainsi.
Le suspect fait ici référence au parti «SMER – social-démocratie» présidé par le premier ministre Robert Fico.
À l’origine social-démocrate lors de sa création en 1999, cette formation politique a évolué vers la droite de l’échiquier politique slovaque, pour devenir finalement un parti de droite nationale, marqué par ses positions conservatrices et russophiles, et régulièrement accusé d’être «populiste». Avant son retour au pouvoir en 2023, Robert Fico avait déjà été deux fois premier ministre, de 2006 à 2010 puis de 2012 à 2018, rapporte Le Figaro.