Sommet de Paris : Macron dévoile les ambitions de la France en IA
Lors d'une interview accordée à la presse régionale vendredi et d'un entretien exclusif dimanche sur France 2 depuis le Grand Palais, Emmanuel Macron a présenté les objectifs et le projet de la France en matière d'intelligence artificielle.
Le président de la République fait ainsi son retour sur le devant de la scène. Moins présent depuis la dissolution de l'Assemblée nationale au printemps dernier, il reprend l'initiative après que l'attention se soit davantage portée sur ses Premiers ministres.
Entre le vendredi 7 février, dans les colonnes de la presse régionale, et le dimanche 9 février, lors d'une interview de trente minutes sur France 2 depuis le Grand Palais, il a détaillé le projet de la France pour devenir une grande puissance dans le domaine de l'IA, afin de rivaliser avec les géants que sont les États-Unis et la Chine. Parallèlement, le Sommet mondial de l'intelligence artificielle se déroule à Paris.
Une "bataille d'indépendance" contre les Etats-Unis et la Chine
Alors qu'un rythme infernal est imposé par les deux cadors de la tech en matière d'intelligence artificielle - les Etats-Unis et la Chine - Emmanuel Macron entend bien leur emboiter le pas et ne surtout pas passer à côté de "la révolution" de l'IA, sans quoi, la France pourrait tout simplement "perdre le contrôle", selon les mots du président. Pour lui, il ne s'agit pas seulement de développement et de technologique au sens premier du terme, mais plutôt d'une "bataille d'indépendance".
"Si l'Europe se saisit de ce sujet, simplifie, accélère, elle a une carte à jouer" face aux monstres du secteur. "Aujourd'hui, tout est possible si nous avons une stratégie et un vrai réveil", lançait-il vendredi dernier dans les colonnes de différents titres de presse quotidienne régionale.
Jeudi 6 février, la France actait un partenariat avec les Emirats arabes pour construire le plus grand "data center" d'Europe consacré à l'intelligence artificielle. Ce campus bénéficiera d'une capacité de calcul pouvant aller jusqu'à un giga whatt, "ce qui représente des investissements d'un ordre de grandeur de 30 à 50 milliards d'euros", a annoncé l'Élysée.
Ce campus sera développé par "un consortium de champions franco-émiratis", et notamment par le fonds d'investissements MGX, adossé aux Émirats arabes unis, précise-t-on. Des fonds d'investissement étrangers comme le Canada et des entreprises françaises comme les opérateurs télécoms Illiad et Orange, ainsi que le groupe d'électronique Thales devraient également faire partie du projet.
100 000 chercheurs formés et 109 milliards d'euros d'investissement
"Il nous faut plus de patriotisme économique et européen" et "un plan" pour "de nouveaux supercalculateurs au niveau européen" assure-t-il. "Il faut y aller à fond, acheter l'IA française et européenne à chaque fois qu'elle existe !", poursuit-il. Emmanuel Macron entend tout bonnement faire de la France le "pays leader" du continent européen.
Pour y parvenir, "Nous allons passer de 40 000 à 100 000 chercheurs en IA formés" d'ici à 2030. Voilà la première promesse d'avenir - et ambitieuse - du président de la République. Ce dimanche 9 février, le chef de l'Etat a également assuré que la technologique de l'IA n'allait "jamais remplacer l'homme, je ne crois pas du tout à ça" a-t-il martelé.
Ce dernier a aussi effectué une annonce choc ce dimanche 9 février depuis le Grand Palais au micro de France 2 : "109 milliards d'euros d'investissement dans l'IA sur les prochaines années" de la part de la France, mais également de l'étranger. "C'est l'équivalent pour la France de ce que les Etats-Unis ont annoncé avec 'Stargate'. C'est le même rapport", précise Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron a également conscience d'un potentiel revers de la médaille, et de la méfiance clairement affichée par le monde de la culture, entre autres. Pour lui, "même dans la culture, l'IA peut être pour le bon, puisqu'elle peut être un instrument de la création".
Le chef de l'Etat entend également "créer un cadre pour les personnes qui utilisent l'IA", de manière à ce qu'ils aient "un droit d'auteur". "J'entends cette crainte, je veux dire ici que la France continuera d'avoir une voix claire, c'est-à-dire celle qui protège la spécificité du génie, du talent, la reconnaissance des droits, de cette propriété", explique-t-il pour tenter de rassurer les sceptiques.
"Révolutionner le travail" notamment dans le médical
La deuxième crainte concerne la potentielle destruction d'emplois. La réussite de l'IA est-elle conditionnée à l'extinction de certains métiers en France ? Selon Emmanuel Macron, l'intelligence artificielle va plutôt "révolutionner la manière de travailler", notamment concernant des métiers avec des tâches "très répétitives".
Elle devrait permettre de "repenser le temps et l'aménagement du travail", et même de "créer de nouveau secteurs". Auprès des journalistes, il a aussi dévoilé lé création d'un "observatoire international sur toutes ces évolutions".
Dans certains secteurs comme le médical, Emmanuel Macron entend bien passer la seconde. Aujourd'hui, "avec des images de scanner sou d'IRM on met plusieurs heures pour identifier les cellules cancéreuses", regrettait-il sur le plateau de France 2, ce dimanche 9 février.
"Avec l'IA, parce qu'on met beaucoup de données ensemble, qu'il y a une capacité calcul, on va voir beaucoup plus vite la tumeur cancéreuse et surtout cibler plus précisément l'endroit" à soigner, assure-t-il. Le développement de l'intelligence artificielle permettra donc de "prévenir mieux, de détecter beaucoup plus simplement" et de "traiter beaucoup plus précisément" les maladies.
Macron réclame une "régulation mondiale" de l'IA
Ce dernier a également tenté de rassurer, une nouvelle fois concernant l'encadrement de l'IA, mettant en avant "des principes forts sur la protection des droits, l'environnement, l'intégrité de l'information, la propriété intellectuelle". Dimanche soir, il a appelé à une "régulation mondiale" de l'IA, "pour que les bons comportements émergent". Un travail qui, selon lui, "doit se faire à l'échelle de la planète".
"Demain vous aurez une création par intelligence artificielle", voilà pourquoi, "il faut que ce soit clair pour tous sinon on rentre dans un monde de demi-vérité". Le chef de l'Etat a tenu à se montrer clair sur la question : "on doit nous dire quand c'est de l'IA et quand ça n'en est pas".
Enfin, il souhaite que les algorithmes soient le plus transparent possible, pour que les utilisateurs puissent "les regarder, les vérifier" si besoin.