France : Suspension de l’Assemblée nationale suite à des propos racistes
Émoi et indignation à l'Assemblée nationale.
La présidente Yaël Braun-Pivet a mis fin à la séance de questions au gouvernement, jeudi 3 novembre, après une interpellation raciste dans l'hémicycle.
Lors d'une intervention du député LFI Carlos Martens Bilongo sur le "drame de l'immigration clandestine", le député RN Grégoire de Fournas, identifié par plusieurs parlementaires, a lancé : "Qu'ils retournent en Afrique" ou "qu'il retourne en Afrique".
Après quelques minutes de confusion, la présidente de l'Assemblée a mis fin à la séance "compte tenu de la gravité des faits" et de "l'émotion légitime" dans l'hémicycle.
"C'est honteux d'être renvoyé à sa couleur de peau aujourd'hui"
Le groupe RN affirme que le député de Gironde parlait d'un "bateau" de migrants mentionné dans la question et pas de Carlos Martens Bilongo.
"Grégoire de Fournas a déclaré 'qu'ils retournent en Afrique' en parlant du bateau transportant les migrants en Europe , en aucun cas en parlant du député", selon le groupe d'extrême droite. "C'est plutôt une manipulation pas très classe de LFI", estime Sébastien Chenu, vice président RN de l'Assemblée.
"Nous sommes en face d'une manipulation de La France insoumise qui cherche à dénaturer mes propos pour me faire tenir des propos dégueulasses vis-à-vis d'un collègue député français de la Nation qui a la même légitimité que moi sur ces bancs", s'est défendu Grégoire de Fournas devant la presse.
L'élu du Val-d'Oise Carlos Martens Bilongo, d'origine congolaise, s'est dit lui "tellement triste" : "C'est honteux d'être renvoyé à sa couleur de peau aujourd'hui".
Indignation de la gauche et de la majorité
Le racisme n'a pas sa place dans notre démocratie", a prévenu la Première ministre, Elisabeth Borne, après l'interpellation raciste, en indiquant que "naturellement", le bureau de l'Assemblée nationale "devra prendre des sanctions".
La plus haute instance collégiale de l'Assemblée se réunira dès vendredi à 14 h 30. Emmanuel Macron est, de son côté, "heurté" par les propos "intolérables", a indiqué, dans la soirée, l'entourage du chef de l'État.
"Le Président est heurté par ces mots qui dans l'hémicycle comme hors de l'hémicycle sont intolérables. Soutien au parlementaire insulté", a-t-on précisé de même source. "Aujourd'hui l'extrême droite a montré son vrai visage", a estimé, de son côté, la présidente des députés LFI Mathilde Panot.
"Nous allons demander la sanction la plus forte, l'expulsion pour plusieurs mois" de ce député", a-t-elle ajouté. Le patron de LFI Jean-Luc Mélenchon a réclamé sur Twitter la "déchéance et l'exclusion de l'injurieur". Dans le camp présidentiel, le groupe Renaissance "ne siègera pas" avant une sanction lourde contre le député RN, a indiqué son vice-président Sylvain Maillard. "Ils ont beau mettre des cravates (...) C'est un mouvement profondément raciste.
Leur dignité, ç'aurait été de le faire sortir". La présidente du groupe RN Marine Le Pen a, de son côté, défendu les propos jugés racistes tenus par Grégoire de Fournas, dénonçant une polémique "grossière" des "adversaires" du RN.
De source parlementaire, le député concerné est passible d'une "censure simple", soit la privation pendant un mois de la moitié de l'indemnité parlementaire ou d'une "censure avec exclusion temporaire", c'est-à-dire la privation pendant deux mois de la moitié de l'indemnité allouée au député avec interdiction de prendre part aux travaux de l'Assemblée et de reparaître au Palais Bourbon pendant quinze jours.
Viticulteur dans le Nord Médoc, Grégoire de Fournas exerce son premier mandat, à 37 ans. Il n'avait pas fait de vague jusqu'ici au Palais Bourbon, où il siège à la commission des Affaires économiques. Nous rapporte France 24 .