Tchad : Les urnes sonnent la fin du règne militaire, mais des doutes planent sur la crédibilité des élections
Les Tchadiens se dirigent vers les urnes pour choisir leur prochain président, mettant ainsi fin à trois années de régime militaire.
Cette élection présidentielle est marquée par un face-à-face inédit entre le général Mahamat Déby, actuel président de transition, et son Premier ministre, Succès Masra, qui était autrefois un opposant.
Les bureaux de vote ont ouvert à 6 heures du matin et resteront accessibles jusqu'à 17 heures, couvrant ainsi un vaste territoire semi-désertique ou désertique qui caractérise 80 % du pays. Malheureusement, un électeur a été victime d'une balle perdue lors d'une altercation dans un bureau de vote à Moundou, dans le sud du pays, selon la commission électorale. Aucun autre incident majeur n'a été signalé à quelques heures de la clôture des scrutins.
Bien que Mahamat Déby soit perçu comme le favori, ayant pris les rênes du pouvoir en tant que président de transition après l'assassinat de son père, le président Idriss Déby, par des rebelles en avril 2021, son rival, Succès Masra, a réussi à mobiliser des foules importantes au cours de la campagne électorale.
Cette élection survient dans un contexte où les États-Unis ont annoncé le retrait temporaire d'une partie de leurs troupes déployées au Tchad. Les puissances occidentales considèrent le Tchad comme un allié crucial dans la lutte contre l'influence croissante de la Russie dans la région et contre l'insurrection des groupes terroristes.
Environ 8,5 millions de citoyens sont inscrits sur les listes électorales, et les soldats ont déjà commencé à voter dès dimanche. Les résultats provisoires devraient être annoncés d'ici le 21 mai, avec les résultats définitifs début juin. Un second tour est prévu pour le 22 juin si aucun candidat n'obtient plus de 50 % des voix.
Outre les deux principaux candidats, Mahamat Déby et Succès Masra, l'ancien Premier ministre Albert Pahimi Padacké ainsi que sept autres candidats sont en lice pour la présidence.
Cependant, des doutes persistent quant à la crédibilité de ce scrutin. La Fédération internationale pour les droits de l'homme (FIDH) a exprimé ses préoccupations quant à un processus électoral qui semble manquer de crédibilité, de liberté et de démocratie, notamment en raison de multiples violations des droits de l'homme. De même, l'ONG International Crisis Group (ICG) a émis des réserves sur la crédibilité du scrutin, soulignant l'éviction de candidats de l'opposition et remettant en question l'indépendance des institutions chargées de l'organisation et de la certification des résultats électoraux.