Tensions agricoles en Europe : manifestations et blocages d'autoroutes se propagent
Le mécontentement des agriculteurs européens gagne du terrain, de la France à la Roumanie, en passant par l'Allemagne et les Pays-Bas.
Des manifestations, blocages d'autoroutes et défilés de tracteurs marquent un mouvement de protestation qui souligne les inquiétudes liées au coût du carburant, aux normes écologiques, et aux importations massives de produits ukrainiens. La Commission européenne s'efforce de calmer la situation et tiendra une réunion cette semaine pour aborder ces préoccupations.
En France, les agriculteurs poursuivent leurs actions, bloquant des routes et défilant avec leurs tracteurs, appelant à l'aide les ministres européens du secteur. Les discussions avec le gouvernement français sont dans l'impasse, alimentant le mécontentement qui se répand à travers le Vieux Continent.
La réunion prévue cette journée entre les ministres européens du secteur agricole intervient avant le lancement, jeudi, d'un "dialogue stratégique" avec le secteur agricole par Bruxelles. Les agriculteurs redoutent particulièrement le Pacte vert de l'UE, visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait annoncé cette initiative dès septembre, affirmant que l'agriculture et la protection de la nature pouvaient "aller de pair".
Les blocages routiers en France ont débuté jeudi soir en Occitanie et se sont étendus à d'autres régions. Des autoroutes telles que l'A64 entre Toulouse et Bayonne, l'A7 dans la Drôme, et l'A62 au niveau d'Agen sont paralysées par des tracteurs, entraînant d'importants embouteillages. Certains barrages ont pris une tournure dramatique, comme celui à Pamiers (Ariège), où une agricultrice a perdu la vie lorsqu'un véhicule a foncé sur le barrage.
Les revendications des agriculteurs français incluent des simplifications administratives, l'absence de nouvelles interdictions de pesticides, l'arrêt des augmentations du prix du gazole pour les tracteurs, des indemnisations plus rapides après des calamités, et la pleine application de la loi Egalim, censée garantir une rémunération équitable aux agriculteurs par les industriels et les grandes surfaces.
À l'échelle européenne, à quelques mois des élections, le gouvernement craint que le mouvement ne s'intensifie davantage. Des Pays-Bas à la Roumanie, en passant par l'Allemagne et l'Autriche, les agriculteurs protestent contre les hausses de taxes et le Pacte vert visant à décarboner l'économie européenne. Des actions similaires ont commencé il y a plus d'un an aux Pays-Bas, s'étendant ensuite à la Belgique, où certains objectifs gouvernementaux ont été suspendus en réponse au mécontentement.
En Allemagne, les agriculteurs se mobilisent massivement depuis début janvier contre la réforme de la fiscalité sur le diesel agricole, prévoyant la suppression d'une exonération dont ils bénéficiaient à partir de 2026. Le mouvement européen reflète des préoccupations plus larges, notamment les obligations environnementales croissantes, la hausse des coûts de production et la charge administrative pesant sur les exploitations agricoles.
Au-delà des facteurs nationaux, les manifestations récentes mettent en lumière des défis communs tels que les épisodes climatiques extrêmes, la grippe aviaire, la flambée des prix de l'énergie, et l'afflux de produits agricoles ukrainiens dans l'UE depuis la levée des droits de douane en 2022, une question particulièrement sensible en Roumanie. Les agriculteurs de ce pays organisent quotidiennement des opérations escargot pour exprimer leur mécontentement, soulignant ainsi une pression croissante sur l'ensemble de l'Europe.