Tensions en Nouvelle-Calédonie : L'incertitude persiste après la visite de Macron
La Nouvelle-Calédonie est plongée dans l'incertitude après la visite présidentielle d'Emmanuel Macron, où il a promis que la réforme électorale controversée ne serait pas imposée de force.
Le chef de l'État est arrivé jeudi à Nouméa, où il a tenu des consultations avec les partisans de la réforme, favorables aux loyalistes, et les opposants indépendantistes.
La réforme, baptisée du "dégel", vise à élargir le corps électoral pour les élections provinciales. Cette proposition a déclenché une vague de violences sans précédent depuis quatre décennies, provoquant l'ire des émeutiers dès le 13 mai, avant son adoption par l'Assemblée nationale le 15 mai.
Les manifestants jugent inacceptable la manière dont la réforme a été avancée, craignant qu'elle ne dilue le poids politique des autochtones.
"Je me suis engagé à ce que cette réforme ne passe pas en force", a affirmé M. Macron, tout en appelant à une reprise du dialogue en vue d'un accord global d'ici fin juin, soumis ensuite au vote des Calédoniens.
Avant cela, l'objectif est de rétablir l'ordre dans les jours à venir, a-t-il averti, avec une opération de réoccupation progressive des zones sensibles, mobilisant notamment 3 000 forces de sécurité intérieure.
Dans une interview télévisée avec des journalistes calédoniens, Macron a justifié cette mesure par la nécessité de restaurer la stabilité dans l'archipel.
Les affrontements ont déjà fait six morts, dont deux gendarmes, et ont causé d'importants dégâts. L'état d'urgence, instauré le 16 mai, est toujours en vigueur, accompagné de mesures restrictives telles qu'un couvre-feu de 12 heures, une interdiction de rassemblement et une interdiction de transport d'armes et de vente d'alcool. La décision de bloquer l'application TikTok a également été confirmée par le Conseil d'État.
Les barrages érigés par les émeutiers demeurent en place, compliquant les efforts de restauration de l'ordre.
Dans le quartier de Montravel à Nouméa, les militants attendent des directives officielles du FLNKS sur la suite des événements, exprimant leur volonté de continuer la mobilisation en l'absence d'écoute de la part du président.
Sonia Backès, figure de proue des loyalistes, a déclaré qu'un accord était possible avec la bonne volonté de tous les acteurs, mais a averti que le retour au calme serait laborieux, nécessitant des ressources considérables.
Pendant ce temps, la vie reprend progressivement son cours, avec la réouverture de certaines agences de la Banque de Nouvelle-Calédonie, bien que trois aient été incendiées. Cependant, l'aéroport international de La Tontouta reste fermé depuis le 14 mai, avec aucune perspective de vols commerciaux avant mardi.
Les pays voisins s'organisent pour évacuer leurs ressortissants, avec le Vanuatu organisant le rapatriement de 160 étudiants et la Nouvelle-Zélande affirmant que le rapatriement reste une priorité urgente. Des appareils militaires australiens et néo-zélandais effectuent des rotations avec l'aérodrome de Nouméa pour soutenir ces opérations.