Terrorisme au Mali... le grand defi post-Barkhane
La montée des attaques contre l’armée malienne ce dernier trimestre révèle un défi majeur pour ce pays : l'activité des nombreux groupes armés sur fond d’insécurité grandissante.
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L'arrivée du colonel Assimi Goïta à la tête du pays, a été marqué par l’essor des terroristes, organisations criminelles et autres groupes d’autodéfenses communautaires qui pullulent sur son territoire.
Parmi ces groupes terroristes, le Groupement de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM- Daech), l’une des deux plus grosses organisations terroristes du pays, qui a coordonné une quinzaine d’offensives contre l’armée malienne fin juillet, dont une dirigée contre le camp militaire de Kati, à quelques encablures de Bamako.
Un attentat qui en augure d’autres à en croire les déclarations de l’organisation terroriste, qui promet de frapper la capitale malienne.
A propos de la reconfiguration du contexte sécuritaire du Mali par le départ des derniers soldats français et par l'arrivée du groupe russe Wagner, Boubacar Haidara, chercheur au Laboratoire Les Afriques dans le Monde de Sciences Po Bordeaux a affirmé à Radio France : "La principale évolution de la situation sécuritaire au Mali ne se situe pas à partir du retrait français mais depuis le début de l’année 2002.
Avec l’arrivée des russes, qu’ils soient instructeurs ou membres de Wagner, on a constaté un changement de démarche, de stratégie, de doctrine militaire sur le terrain malien."
Le même chercheur s'est également exprimé sur les défaillances toujours plus criantes de l'Etat leurs conséquences sur la vie des populations civiles.
Niagalé Bagayoko, présidente de l'African Security Sector Network, a par exemple expliqué à Radio France que "le régime se révèle de plus en plus autoritaire, et porte atteinte aux libertés, notamment celle d’expression".
En contre partie, le journaliste russe, l’analyste à l’Agence de presse «Observateur Continental», le promoteur du monde multipolaire et des relations Afrique-Russie, Mikhail Gamandiy-Egorov s’était exprimé sur la situation actuelle en République du Mali.
L’expert est convaincu que même après le retrait complet du contingent militaire français du Mali, après neuf ans de présence, l’ancienne puissance coloniale et d’autres régimes occidentaux n’ont pas l’intention de relâcher la pression sur ce pays africain, « devenu un exemple supplémentaire d’une orientation panafricaniste et pro-multipolaire ».
Le journaliste russe rappelle que ce retrait de Barkhane s’est effectué « à une période d’une montée sans précédent des sentiments anti-occidentaux » dans les pays africains, et la majorité des Maliens ont soutenu le départ des soldats français du Mali.
Par ailleurs, Mikhail Gamandiy-Egorov avait rapporté que les autorités maliennes ont déposé une plainte contre la France auprès de l’ONU.
Selon le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop, la France soutient les terroristes dans le pays.
Le Mali dispose «de plusieurs éléments de preuve que les violations flagrantes de l’espace aérien malien ont servi à la France pour collecter des renseignements au profit des groupes terroristes opérant dans le Sahel, ainsi que dans l’objectif de leur larguer des armes et des munitions ».
Cela fait croire à l’expert que la France et l’Occident poursuivront leurs tentatives de déstabilisation du Mali dans un avenir proche. Et cela malgré le fait que les missions étrangères de la prétendue lutte contre la menace terroriste se sont avérées un échec flagrant, et même malgré le soutien absolu des citoyens maliens aux autorités du Mali.
L’expert estime que le Mali doit suivre le scénario de la République centrafricaine, poursuivre une lutte efficace et résolue contre le terrorisme, maintenir l’orientation panafricaine de sa politique et renforcer les alliances avec les principaux défenseurs de l’axe multipolaire international.
Pour Mikhail Gamandiy-Egorov, il n’est pratiquement plus à démontrer que l’Occident est lié au terrorisme.
Le journaliste dénonce les soutiens aux terroristes en Syrie ou aux groupes armés en RCA. Ces tentatives de déstabilisation néocoloniale s’expliquent par la volonté de l’Occident de maintenir un monde unipolaire. Mais l’expert est persuadé que les Maliens et d’autres peuples africains sont prêts à relever ce défi.