TikTok : les Etats-Unis portent plainte! Les raisons de cet acharnement
Le ministère américain de la Justice accuse la plateforme, déjà menacée d’interdiction, de «violation généralisée des lois sur la protection de la vie privée des enfants».
En cause : l’utilisation des données des moins de 13 ans, rapporte l'AFP.
Le bras de fer entre les Etats-Unis et TikTok, le très influent réseau social chinois, continue. Après une loi votée en avril par le Congrès américain, qui menace la plateforme d’une interdiction pure et simple dans le pays, le gouvernement prend aussi sa part dans la bataille.
Le ministère de la Justice porte plainte, a-t-il annoncé le 2 août : il accuse la plateforme de «violation généralisée des lois sur la protection de la vie privée des enfants». La plateforme du groupe chinois ByteDance est fréquentée par 170 millions de personnes aux Etats-Unis, dont une forte proportion d’adolescents et jeunes adultes.
Selon la plainte, TikTok a «sciemment» laissé des enfants créer des comptes et surfer sur le réseau social. Le ministère fait valoir, dans un communiqué diffusé vendredi, que que des millions d’enfants de moins de 13 ans ont été soumis «à une collecte extensive de données», et ont «interagi avec des utilisateurs adultes et accédé à des contenus pour adultes».
Depuis 2019, l’application et sa maison mère «ont recueilli et conservé un large éventail d’informations personnelles sur ces mineurs sans en informer leurs parents ni obtenir leur consentement. Même pour les comptes créés en Kids Mode [une sorte de contrôle parental, ndlr]», détaille encore le ministère.
Ces accusations ne sont pas nouvelles : au-delà des enfants, le gouvernement et de nombreux élus accusent la plateforme de récolter des données sur les citoyens américains pour le compte de Pékin. De quoi représenter une menace pour la sécurité nationale. D’où l’injonction faite à ByteDance de vendre son application, sous peine d’interdiction dans les prochains mois.
Signalement en juin
Enième levée de boucliers de la part de TikTok : «Nous ne sommes pas d’accord avec ces allégations, dont beaucoup se rapportent à des pratiques passées qui sont présentées de façon erronée ou qui ont déjà été traitées», se défend l’un de ses porte-parole.
Il souligne notamment la suppression des comptes d’utilisateurs de moins de 13 ans, les limites de temps de visionnage, «volontairement» mis en place par l’entreprise pour préserver les plus jeunes. «Nous sommes fiers de nos efforts pour protéger les enfants» a même soutenu ce même porte-parole.
Pourtant, cette action en justice américaine ne surgit pas de nulle part. En juin, l’Agence américaine de protection des consommateurs, la FTC, a effectué un signalement au ministère de la Justice : elle «avait des raisons de croire» que TikTok et ByteDance «enfreignaient ou étaient en passe d’enfreindre la loi».
La FTC menait alors une enquête de suivi pour s’assurer que le réseau social respectait bien les conditions d’un accord à l’amiable passé en 2019 - elle avait alors accusé l’ancêtre de TikTok, Musical.ly, d’avoir récolté indûment les données personnelles de mineurs. L’entreprise avait accepté des indemnités de 5,7 millions de dollars et s’était engagée à se conformer aux dispositions de la loi COPPA (Children’s Online Privacy Protection Act), adoptée en 1998.
Pour Brian Boynton, procureur général adjoint cité dans le communiqué du ministère de la Justice, ce dépôt de plainte est donc «nécessaire» pour empêcher «des récidivistes» de «collecter et d’utiliser les données privées de jeunes enfants sans le consentement ou le contrôle des parents». L’action en justice doit «empêcher que les enfants de moins de 13 ans n’utilisent l’application TikTok normale».
L’année dernière, l’Union européenne et le Royaume-Uni ont d’ailleurs eux aussi condamné TikTok à des amendes pour sa gestion des données des mineurs. La commission a ouvert en février dernier une «enquête formelle» contre la plateforme.
Le réseau social chinois n’est pas non plus le seul dans le viseur des Etats-Unis : des Etats américains ont lancé, en octobre dernier, des poursuites contre le groupe Meta. Ils accusent Facebook et Instagram de nuire à la «santé mentale et physique de la jeunesse».
Du côté de l’Europe, la Commission européenne a lancé une enquête en mai contre Facebook et Instagram, entre soupçons d’addiction chez les enfants et manquements aux obligations de vérification de l’âge.