Tout savoir sur la nouvelle plateforme médiatique de l'Alliance des États du Sahel
L’Alliance des États du Sahel lance sa propre plateforme médiatique : une stratégie pour contrer la désinformation ?
Du 22 au 23 août 2024, des experts en communication du Mali, du Niger et du Burkina Faso se sont réunis pour élaborer une nouvelle stratégie médiatique commune dans le cadre de l'Alliance des États du Sahel (AES). L’objectif est clair : contrer les campagnes de désinformation qui ciblent ces trois nations. Sous la direction du ministre de la Communication du Mali, Alhamdou Ag Ilyene, cet atelier a débouché sur la décision de créer une plateforme numérique certifiée, incluant une web TV, dont le lancement est prévu pour le 16 septembre 2024.
Cette initiative, émanant des présidents de transition des pays membres de l’AES, vise à « renforcer la crédibilité de l'AES sur la scène internationale » et à fournir « une information fiable aux populations ». Dès à présent, une chronique intitulée "AES Actualités" est diffusée dans les journaux télévisés nationaux des chaînes publiques de ces pays.
Un paysage médiatique sous contrôle
Cependant, cette nouvelle plateforme ne se limite pas à la simple diffusion d’informations. Elle marque un tournant significatif dans la manière dont les régimes actuels de ces trois pays abordent la liberté de la presse et la pluralité des voix. Depuis leur arrivée au pouvoir, les dirigeants de l’AES ont manifesté une méfiance croissante envers les médias occidentaux, mais aussi nationaux. Le terme « guerre informationnelle » est régulièrement employé pour justifier une approche plus restrictive.
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Les journalistes sont ainsi appelés à pratiquer un « journalisme patriotique », aligné sur les intérêts de l'État. En conséquence, plusieurs médias ont été suspendus, des journalistes incarcérés, et certains, comme au Burkina Faso, ont même été envoyés au front.
Les organisations de défense de la liberté de la presse dénoncent un recul inquiétant des droits fondamentaux, pointant du doigt des entraves multiples à la liberté d'expression dans ces pays. Cette nouvelle stratégie médiatique de l’AES, bien qu'elle renforce la diffusion de leur narrative, soulève des questions cruciales sur l’avenir de la liberté de la presse dans la région.
En conclusion, si la création de cette plateforme numérique marque une avancée dans la communication officielle de l’AES, elle s’accompagne également d’un renforcement du contrôle sur le paysage médiatique, limitant ainsi la diversité des voix et des opinions dans ces pays.