Vidéo. Macron en déplacement en Guyane, sept ans après sa première visite ratée
Le président français Emmanuel Macron est en déplacement en Guyane ce lundi 25 mars. Une visite de deux jours consacrée à la question de l’insécurité, de l’enclavement et de l’autonomie territoriale, durant laquelle le président devra faire face à la défi
En Guyane, c’est peu dire qu’Emmanuel Macron n’arrive pas en territoire conquis. Le chef de l’État, qui entame ce lundi 25 mars une visite de quarante-huit heures dans le département d’Outre-mer français, avec à l’ordre du jour la question de l’insécurité, de l’enclavement et de l’autonomie territoriale, devra avant tout effacer le souvenir calamiteux de son précédent passage, en octobre 2017, selon l'Humanité
Après avoir qualifié la Guyane « d’île », le président de la République fraîchement élu avait alors lâché : « Je ne suis pas le Père Noël » à une habitante qui invoquait la nécessité de créer un hôpital, alors qu’une grève générale venait de paralyser le département pendant de longues semaines.
Face à une population broyée par la misère, qui a voté à à 50,6% pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour puis à 60 % pour Marine Le Pen au second tour de la dernière élection présidentielle, les propos d’Emmanuel Macron demeurent, dans l’inconscient collectif des Guyanais, symptomatiques de l’état d’abandon auquel ils sont livrés depuis plusieurs décennies.
En terrain miné, le chef de l’État affiche la volonté d’aller « au contact de la population » et de se montrer « à l’écoute des élus », qu’il va rencontrer à Cayenne dans la soirée autour d’un dîner républicain, selon les annonces officielles de la présidence. Il devrait y être notamment question de l’évolution du statut de leur territoire, que certains représentants politiques locaux souhaitent voir s’inspirer de la marche de la Corse vers l’autonomie.
À l’instar de Gabriel Serville, le président de gauche de la Collectivité territoriale de Guyane (CTG), qui réclame clairement « le même statut que la Corse » pour le département. Les élus devraient aussi poser sur la table la question de l’enclavement du territoire, dépourvu d’un nombre suffisant de routes nationales (400 kilomètres pour toute la Guyane) et dont les communes isolées sont par ailleurs privées de dessertes aériennes, un problème amplifié par la liquidation d’Air Guyane en 2023.
20,6 homicides pour 100 000 habitants, 15 fois plus que la moyenne nationale
Le président de la République devra également apporter des réponses sur le fléau de l’orpaillage illégal. Le déplacement du chef de l’État, un an jour pour jour après la mort, le 25 mars 2023, d’Arnaud Blanc, un gendarme du GIGN, lors d’une opération de répression contre ce trafic clandestin, revêt à cet égard une dimension très symbolique, que la présidence a soulignée en annonçant un hommage à sa mémoire lors de cette visite.
L’exploitation illégale de l’or en Guyane est un facteur central dans la criminalité qui gangrène le territoire, atteignant des niveaux records, avec 20,6 homicides pour 100 000 habitants, soit près de 15 fois plus que la moyenne nationale.
Les annonces du chef de l’État sur l’orpaillage illégal seront donc particulièrement scrutées, alors que plusieurs associations avaient annoncé, en janvier dernier, avoir déposé un recours contre l’État devant le tribunal administratif de Cayenne pour dénoncer ses « carences fautives » dans sa lutte contre l’exploitation illégale de l’or.