Wagner et l'armée malienne renoncent à Tin Zaouatine sous pression algérienne
De la Stratégie à la Reculade : Comment Wagner et l'Armée Malienne ont Renoncé à Tin Zaouatine sous Pression Algérienne
En octobre 2024, une opération militaire menée conjointement par l'armée malienne et le groupe paramilitaire russe Wagner a pris une tournure inattendue dans le nord du Mali. Leur mission initiale : reprendre la localité de Tin Zaouatine, située à la frontière avec l'Algérie, où ils avaient subi une lourde défaite face aux rebelles du Cadre stratégique permanent (CSP) en juillet. Cependant, après une mise en garde ferme d'Alger à Moscou, l'opération a été stoppée net, marquant un revers stratégique majeur pour les deux alliés.
Le 27 juillet, à Tin Zaouatine, les forces maliennes et Wagner avaient été humiliées par le CSP, principalement composé de rebelles touaregs. Le bilan était lourd : 47 soldats maliens et 84 mercenaires russes avaient perdu la vie. Ce revers avait non seulement porté un coup à la junte malienne, qui se targue de reconquérir le territoire national, mais aussi ébranlé la réputation de Wagner sur le continent africain, où le groupe russe tente d’asseoir son influence.
La défaite de juillet à Tin Zaouatine est rapidement devenue un point de discorde, non seulement au sein des forces maliennes, mais aussi parmi les partisans de Wagner. En réponse, une nouvelle offensive était prévue. Une colonne de plus de 400 hommes, principalement des combattants de Wagner, soutenue par une flotte de plus de 70 véhicules blindés, est partie de Kidal à la fin du mois de septembre. Leur objectif était clair : prendre Tin Zaouatine et laver l'affront subi.
Cependant, ce plan a rapidement échoué. Selon des sources militaires, l'Algérie est intervenue en avertissant la Russie des conséquences d'une attaque sur la localité frontalière, jugée trop proche de son territoire et politiquement sensible. Alger, qui entretient une position diplomatique prudente dans le conflit au Mali, voyait dans cette offensive une menace pour la stabilité régionale. Face à cette mise en garde, Moscou aurait conseillé à Wagner de réévaluer ses actions, entraînant ainsi un revirement.
Le convoi, après avoir récupéré les corps des soldats maliens tombés lors de la bataille de l'été, a interrompu sa progression près d'In Teferkit, à environ 60 kilomètres au sud de Tin Zaouatine. Malgré les objectifs initiaux, la colonne a rebroussé chemin vers Kidal, sans engager le CSP. Selon un cadre du CSP, la stratégie des rebelles avait été de forcer leurs adversaires à entrer dans une « zone noire », une région montagneuse où ils auraient été piégés dans des passages étroits. Mais Wagner et les forces maliennes ont évité cette embuscade en se retirant à temps.
Cette reculade a eu un impact majeur sur la dynamique militaire dans la région. Pour l'armée malienne, cet échec fragilise encore davantage sa prétention à reprendre le contrôle de l’ensemble du territoire malien. Quant à Wagner, il s'agit d'un coup dur pour son image en Afrique, où le groupe avait jusque-là réussi à maintenir une réputation redoutable.
Le retrait de l'offensive illustre également la complexité des alliances dans cette région du Sahel. Alors que Bamako et Moscou comptent sur Wagner pour stabiliser le nord du Mali, l'Algérie, soucieuse de sa propre sécurité, garde un œil attentif sur toute escalade militaire à proximité de ses frontières. Ce jeu d'influence met en lumière la difficulté pour les acteurs régionaux et internationaux de naviguer dans un environnement politique et militaire de plus en plus fragmenté.
Alors que la situation au Mali continue de se détériorer avec l’intensification des combats entre le gouvernement et les forces rebelles, la pression monte sur Wagner et ses alliés maliens. Le revers à Tin Zaouatine souligne les limites des opérations militaires dans un contexte où les alliances locales et régionales influencent profondément le déroulement des conflits.
Le Mali, malgré les renforts étrangers, doit désormais revoir ses stratégies militaires tout en jonglant avec les sensibilités diplomatiques régionales. Quant à Wagner, cette défaite remet en question sa capacité à maintenir son influence sur le continent africain, d’autant plus que d’autres puissances, comme l’Algérie, jouent un rôle de plus en plus actif dans les affaires régionales.