A 17 jours des Européennes 2024, qui a gagné le duel entre Gabriel Attal et Jordan Bardella ?
Les réseaux sociaux se sont transformés en un grand débat public sur le duel entre le Premier ministre Gabriel Attal et le président du RN Jordan Bardella qui se sont affrontés en débat, jeudi soir.
A 17 jours des élections européennes, le débat ce jeudi soir sur France 2 entre Jordan Bardella et Gabriel Attal a tourné à l'avantage du Premier ministre, qui s'est montré offensif et plus calme.
Les échanges ont été cordiaux mais le chef du gouvernement s'est permis quelques piques alors que la majorité doit passer à l'offensive, distancée par le RN dans les sondages pour les élections européennes.
Un échange cordial, avec quelques piques. Le Premier ministre Gabriel Attal et le président du RN Jordan Bardella, tête de liste du parti d'extrême droite pour les européennes, ont débattu ce jeudi soir, sur France 2, pendant près d'1h30, rapporte RMC.
Le chef du gouvernement s'est montré le plus offensif, alors que Jordan Bardella est en tête des sondages et que la candidate de la majorité Valérie Hayer peine à refaire son retard, talonnée par Raphaël Glucksmann.
En fait, Gabriel Attal a dit tout le mal qu'il pensait du discours du RN, notamment sur la question d'immigration: "En vous écoutant, on a le sentiment que derrière chaque étranger, il y a un délinquant ou un terroriste en puissance et je trouve ça révoltant", a lancé le pensionnaire de Matignon.
Quand avez vous menti? A l'époque ou aujourd'hui?
Attal a poursuivi les attaques contre Jordan Bardella, notamment sur les revirements du RN sur l'Europe depuis 2017. "La méthode du Rassemblement national, c'est d'être contre tout et dans cinq ou dix ans, si on se rend compte qu'on s'est planté, on dit qu'on a changé d'avis. Pourquoi étiez vous contre la sortie de l'euro et vous ne l'êtes plus maintenant? Quand avez vous menti? A l'époque ou aujourd'hui?", a-t-il lancé.
Finalement, Jordan Bardella ne répondra pas, renvoyant Gabriel Attal à son bilan, notamment environnemental, critiquant la fin de la vente des véhicules thermiques neufs d'ici 2035. "Mettez en place ce type de mesure simplement pour céder à un dogme. Ce sont des ambitions irréalistes qui vont fragiliser les plus modestes d'entre nous", a lancé le président du RN.
Attal l'a emporté assez nettement
"Gabriel Attal l'a emporté assez nettement", analyse ce vendredi sur RMC et RMC Story Bruno Jeudy, éditorialiste politique de BFMTV. "Ce n'est pas vraiment une surprise puisqu'il a l'avantage d'être Premier ministre, d'être passé par plusieurs grandes administrations et plusieurs ministères", poursuit-il.
"Il jouait gros, il avait beaucoup de pression puisque son camp est en difficulté et c'est un débat où il devait montrer qu'il était meilleur que son concurrent, ce qu'il a fait", ajoute Bruno Jeudy.
Après son débat avec Jordan Bardella, Gabriel Attal estime que "les masques sont tombés"
L'éditorialiste se dit surpris par la contre-performance de Jordan Bardella. "Depuis des mois, il enchaîne les débats et déchiquette tous ses concurrents, Valérie Hayer en tête. Mais il était sur la défensive, il n'avait pas envie d'ouvrir d'angles, de peur de se retrouver en difficulté", croit savoir Bruno Jeudy.
"Jordan Bardella a été mis en difficulté sur son propre programme, le protectionnisme, coincé par un argument efficace de Gabriel Attal", ajoute l'éditorialiste. "Il a ensuite eu beaucoup de peine à expliquer son concept de double frontière".
Autre attaque frontale du Premier ministre, celle sur les liens du RN avec la Russie. Gabriel Attal a estimé que le parti d'extrême droite avait un "contrat moral" avec la Russie et n'était pas "libre" quant à ses votes et ses décisions devant le Parlement européen. Acculé, Jordan Bardella a eu toutes les peines du monde à se défendre, accusant le Premier ministre de véhiculer des "clichés".
Le débat de jeudi a également provoqué la colère d'autres candidats aux élections européennes. Juste après l'affrontement entre Gabriel Attal et Jordan Bardella, la tête de liste des Républicains François-Xavier Bellamy a dénoncé en direct "une mise en scène".
"Ce qu’il s’est passé est le signe d’une crise démocratique assez profonde qui se révèle dans la mise en scène à laquelle nous avons assisté. Parce que c’est une mise en scène", a-t-il taclé sur France 2, avant de s'en prendre directement à la chaîne: "Qu’est-ce qui vous permet de les avoir invités eux? Les intentions de vote? Dans ce cas, je ne plaide pas pour moi, car si on regardait les sondages il aurait fallu au moins inviter Raphaël Glucksmann".
Ce dernier a également dénoncé de la tenue du débat ce vendredi: "L’organisation de ce débat sur le service public à 15 jours du vote est un déni de démocratie. Les Français ne sont pas dupes. Nous répondrons à leur manipulation en amplifiant notre dynamique", a assuré la tête de liste du PS sur X (anciennement Twitter).