Afrique: les gagnants et perdants de la baisse des cours du pétrole
De ses maxima au début de la guerre en Ukraine, le prix du baril de pétrole est passé à 72 dollars (67 euros) aujourd’hui.
Une tendance à la baisse qui tend à se poursuivre, avec des conséquences diverses pour les pays africains, rapporte Jeune Afrique.
Après une année hautement volatile, où le baril a frôlé les 140 dollars (130,6 euros), le Brent a chuté, mi-mars, à 72,2 dollars, et à 65,8 dollars pour West Texas Intermediate, soit leurs plus bas niveaux depuis décembre 2021.
Une chute liée aux multiples pressions sur le système bancaire et aux craintes de récession mondiale, explique Goldman Sachs.
Dans son dernier rapport, la banque d’investissement américaine – qui misait sur des prix supérieurs à 100 dollars le baril entre 2023 et 2024 – a revu ses prévisions à la baisse.
Désormais, et alors que le secteur bancaire mondial est en difficulté dans un contexte de remontée des taux d’intérêt et de resserrement des conditions financières, le prix du baril de brut ne devrait plus dépasser la barre des 100 dollars, pour se situer aux alentours des 85 à 95 dollars, d’après Goldman Sachs. Mais quelles seront les répercussions de la chute des prix sur les pays africains ?
Coup de pompe
Sur les marchés pétroliers, le brut algérien, Sahara Blend, a dévissé de 40 % en un an, passant de 122 dollars en mars 2022 à 72 dollars actuellement. Selon les données d’Oil Price, le site spécialisé dans le suivi des cours de l’or noir, cette baisse n’épargne pas les grands producteurs africains, tous en perte de vitesse. Girassol, le brut produit par l’Angola, est pour l’heure commercialisé à 72,86 dollars, contre 72,62 dollars pour le Bonny Light nigérian.
Une situation qui aura des répercussions sur les recettes en devises et l’équilibre financier de ces pays, dont l’économie est toujours dépendante des hydrocarbures.
« La commercialisation du baril de pétrole à 75, voire 85 dollars ne couvrira pas les besoins budgétaires des producteurs comme l’Algérie, le Nigeria ou l’Angola« , explique à Jeune Afrique Mahmoud El May, ingénieur pétrolier et spécialiste du négoce de l’or noir.
Bouffée d’oxygène
Si sur le papier, ce constat semble s’imposer pour tous les producteurs africains. El May tempère : « Des pays comme la Libye ou encore le Gabon s’en sortent toujours bien. » La raison ? « La capacité de production de pétrole par habitant de Tripoli et de Libreville demeure largement supérieure à celle d’Alger, d’Abuja ou de Luanda », précise l’expert de l’industrie pétrolière.
À ce rythme, la chute des cours de pétrole, minés par des perspectives économiques instables, est une aubaine pour les pays africains massivement importateurs d’hydrocarbures.
« Les prix actuels sont acceptables pour le Maroc, la Tunisie ou encore la République Démocratique du Congo et favoriseraient la croissance tant attendue », ajoute Mahmoud El May, qui estime que « l’Opep pourrait diminuer la production afin de maintenir les prix ».