Comment expliquer les difficultés de Paris vis-à-vis de l’Afrique?
Face à la reprise du conflit entre le Hamas et Israël, les pays africains se sont positionnés de manière éparse.
Tandis que certains ont réagi selon des principes idéologiques en condamnant systématiquement Israël, d’autres ont adopté un positionnement plus politique en affichant un soutien à la cause palestinienne tout en conservant une certaine réserve.
Pour les pays Africains, l’idée de 2 États est acquise. Les Africains soutiennent les Palestiniens. Pour autant, il n’est pas certains que les Afriques prennent fait et cause pour le Hamas.
La diversité des réactions africaines diffère de celles adoptées dans le cadre de la guerre menée par la Russie en Ukraine.
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Si un grand nombre de pays africains avaient condamné l’agression de l’Ukraine par la Russie le 2 mars 2022, lors d’un vote à l’Assemblée générale des Nations unies, aucun d’entre eux ne s’était aligné sur les sanctions occidentales à l’égard de la Russie.
Quoi qu’il en soit, l’Afrique ne s’estime pas concernée par ces conflits. Aucun pays du Continent ne souhaite être impliqué peu ou prou dans ces derniers, car il s’agit de conflits « hors Afrique ».
Ce positionnement s'inscrit du reste dans une tendance plus large visant à renforcer leur souveraineté vis-à-vis de l’Occident.
Mais qu’est-ce qu’on entend par souveraineté ?
La Françafrique se définissait volontiers comme la relation particulière entre la France et l’Afrique.
Cette relation si particulière, pourtant inventée par le Président Houphouët Boigny impliquait que la France souhaitait le développement de l’autre ( l’Afrique), tandis que l’Afrique acceptait les conseils et le soutien de la France.
Aujourd’hui, ce modus vivendi est bel et bien révolu. On accepte plus l’influence de l’ancienne colonie. Ce sentiment s’applique du reste aussi à l’encontre des Etats-Unis qui n’est pourtant pas un ancien colonisateur de l’Afrique.
Dés lors, il n’a plus lieu d’imposer à l’Afrique les concepts occidentaux quant à la démocratie, à la société, à la santé, etc.. ;
Pour s’en convaincre, on cherche souvent des preuves.
S’agissant des LGBT ?
Le concept LGBT a été importé de l’Occident en Afrique. Lorsque le Président Barack Obama s’est rendu à Dakar pour y rencontrer le Président Maky Sall, le Président des Etats-Unis a évoqué les LGBT et a voulu imposer ce thème de discussion… le chef d’État sénégalais, lui a rétorqué tout de go « qu’il consentirait à en discuter sitôt que la peine de mort serait abolie en Amérique », rappelle Jean-Yves Ollivier, président de la Fondation Brazzaville.
La souveraineté qui est réclamée à cor et à cri par le Continent peut se traduire par La volonté de marquer sa différence par rapport à l’influence passée.
Pour l’heure, l’Occident ne doit plus se mêler de ce qu’il ne lui regarde pas.
Récemment, l’Occident a pris des sanctions contre la Russie, sans en référer avec les pays africains, pis on a les a menacés de les sanctionner à leur tour, s’ils n’appliquaient pas ces fameuses sanctions contre Moscou .
Or force est de constater que « l’Occident n’a même pas pris le temps d’expliquer, et chemin faisant, d’aller convaincre le Continent quant aux raisons et motivations d’imposer ces sanctions.
Ce qui a très mal été perçu en Afrique. Il s’agit somme toute d’une formidable erreur tactique », commente Jean-Yves Ollivier.
A l’aune de ce qui précède, comment expliquer les difficultés de Paris ?
Il est de bon ton, pour l’Occident de parler d’une seule voix. Vouloir imposer à l’Afrique ce qu’on attend de l’Afrique, sans pour autant écouter le point de vue de l’Afrique.
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Ce discours professoral de la part du Gouvernement français comme celui d’Emmanuel Macron est absolument inaudible pour les pays africains. C’est assurément contre-productif pour Paris.
Maintenant, la France, « n’entend plus les Africains. Jadis, notre relation était privilégiée. On a coupé les circuits de communication. Autrefois , la France disposait d’intermédiaires… bref, on a oublié que « L’Afrique c’est le pays du verbe ».
De nos jours, on ne communique que via X ( anciennement twitter), Et ce n’est pas du tout comme ça que les Africains souhaitent communiquer », regrette Jean-Yves Ollivier