« On s’est tout dit… », Les derniers jours d’Alain-Fabien Delon avec son père
Douze mois passés en tête à tête, cernés par le ballet des infirmières et des gardes du corps. Douze mois qui leur ont permis de se parler, de partager et sans doute de se pardonner…
« On s'est tout dit, a-t-il reconnu sur le plateau de C à vous le 18 octobre. On a eu le temps de tout se dire, j'en suis très heureux et très reconnaissant. »
Il raconte notamment comment son père était finalement fier qu'il soit devenu acteur alors qu'il n'était pas forcément attiré par le métier. « Je pense que je lui ai brisé le cœur en lui disant que je ne voulais pas faire ça… Au final, une chose en a entraîné une autre et j'ai fini par le faire quand même. »
Alain Delon commence alors à regarder d'un autre œil ce fils longtemps turbulent qu'il a souvent délaissé ou publiquement rabroué. « Mon fils est complètement paumé et ne donne des interviews à sensation que pour l'argent », lâchait-il en 2013.
Après ses deux AVC, en 2019, Alain Delon échappe au pire et il voit son clan se ressouder peu à peu autour de lui. Père et fils finissent par se rapprocher.
« On a eu une relation quand même assez compliquée, et il était très heureux d'avoir survécu, du coup il ne pouvait qu'être heureux d'avoir ses enfants à ses côtés », explique Alain-Fabien dans C à vous. C'est l'époque où le benjamin affiche sa gueule d'écorché vif dans la série Grand Hôtel, sur TF1, et ressent la fierté de son père quand ce dernier l'appelle pour lui donner des conseils ou lui dire qu'il regarde la série devant sa télé. « Ça me faisait chaud au cœur. »
À l'été 2023, lorsque Delon se retrouve seul à Douchy, Alain-Fabien se propose de rester au côté de son père. Pendant des années, il n'a pas été là, il vivait sa vie ; désormais, il décide d'épauler ce père qu'il aime malgré tout.
Les débuts sont difficiles : le Samouraï refuse de s'alimenter et de boire, il faut faire venir un médecin tous les jours pour le perfuser, il veut en finir et le fait comprendre à son benjamin. « Je n'avais pas versé une larme depuis deux ans, il a réussi à me faire pleurer », confiait-il à l'époque dans Paris Match.
Commence alors un huis clos pesant où Alain-Fabien s'occupe du quotidien, gère Douchy, les employés, garde un œil sur son père – qui lui demande sans cesse si c'est le matin ou le soir –, sans compter les tensions avec sa sœur Anouchka, en guerre judiciaire contre ses deux frères… Il reste ces échanges, ces gestes ou ces silences partagés avec le paternel, au milieu des souvenirs ou des photos, autant de moments volés face à l'inéluctable, la mort qui approche.
Et cette douleur, aussi, de voir le vieux lion à terre. « Quand j'arrive à le faire parler, je suis obligé de me mettre sur un genou et d'approcher mon oreille de sa bouche et parfois de faire répéter trois, quatre, cinq fois après avoir éteint le chauffage qui fait du bruit pour l'entendre et le comprendre », racontait Alain-Fabien dans Match.
Deux mois après la mort de son père, il a largué les amarres et quitté Douchy avec le sentiment du devoir accompli. On l'a récemment vu s'offrir une escapade sous le soleil de Grèce, avec sa nouvelle compagne, le mannequin Laura Bensadoun, « l'âme plus douce et gentille qu['il a] jamais eu la chance de rencontrer », a-t-il écrit sur Instagram, avec une photo de leur couple. « Merci d'être là, jour après jour, et de me faire me sentir vivant. »