Algérie: la mémoire piétinée de la «décennie noire»
Vingt ans après la fin de la guerre civile, une nouvelle loi d’amnistie est en préparation.
Les familles des victimes, qui exigent inlassablement justice et vérité, dénoncent une «agression» et un «déni» de leur souffrance.
«Ça ne s’arrêtera donc jamais», se désole Cherifa Kheddar. La présidente de l’association Djazairouna, qui rassemble des familles de victimes du terrorisme en Algérie, a le visage fermé.
Le 15 juillet, un communiqué de la présidence a indiqué qu’un avant-projet de loi portant sur la grâce de 298 «détenus des années 90 condamnés définitivement» serait soumis au vote du Parlement en septembre.
Depuis cette annonce, des rescapés des tueries etdes proches des personnes tuées lors de la décennie noire (1991-2002) poussent la porte de sa maison, en quête d’explications et de réconfort.
C’est dans cette bâtisse nichée dans un verger de la commune de Ouled Yaïch, à 40 kilomètres d’Alger‚ marquée à jamais du sceau de l’horreur, que l’association a domicilié son siège. «Personne ne voulait nous louer un local par peur desreprésailles», explique Cherifa Kheddar.
Le 24 juin 1996, la maison familiale fut encerclée par une bande d’hommes en armes. Son frère, Mohamed Reda, 36 ans, architecte, «qui refusait de financer les groupes terroristes», est exécuté. Sa sœur Lila, 34 ans, avocate, «qui s’abstenait de défendre leurs acolytes détenus», aussi selon libération.