Attaque du 7 octobre 2023 : la France, acteur d’une « initiative pour la paix et la sécurité »
En Europe, la France a toujours joué un rôle actif dans la promotion de la paix, un engagement qui remonte à la conférence du général de Gaulle en novembre 1967.
En effet, la France a critiqué les actions belliqueuses d'Israël et plaidé pour une paix équitable pour les Palestiniens tout en insistant sur la nécessité de garantir la sécurité d'Israël.
Les jalons de cette démarche sont bien connus : le premier contact ministériel avec Yasser Arafat en 1974, la déclaration de Venise de 1980, lancée par le président Giscard d'Estaing, qui prônait l'autodétermination du peuple palestinien, le discours du président Mitterrand devant la Knesset en 1982, la nomination de Miguel Moratinos comme envoyé spécial de l'Union européenne avec le soutien de la France, malgré l'opposition des États-Unis, et le support en faveur de la solution à deux États.
Cette position découle de la volonté de la France de mener une politique de pacification au Moyen-Orient, une région cruciale et sensible liée à son histoire et sa sécurité, ainsi que de la présence sur son territoire de communautés juive et musulmane, influencées par les événements au Moyen-Orient et représentant les plus importantes en Europe dans les deux cas.
Face au choc du 7 octobre, qui a entraîné la mort de 42 citoyens français et la prise d'otages par le Hamas, la France a réagi vigoureusement. Elle a immédiatement condamné l'attaque terroriste du Hamas et l'enlèvement, exprimé sa solidarité avec Israël, et défini trois axes d'intervention : la lutte contre le terrorisme, l'action humanitaire, et la promotion d'une solution politique.
Sur le premier point, la France propose, de façon surprenante et non concertée, que la coalition contre Daech puisse lutter aussi contre le Hamas. Devant les réticences côté israélien comme arabe à cette initiative à l’évidence inappropriée, la France plaide pour une mobilisation contre le terrorisme propre à assurer la sécurité d’Israël et une batterie de sanctions contre le Hamas.
Plusieurs réunions sont organisées à cet effet au niveau des ministres comme des directeurs concernés, notamment à Paris. L’objectif est de mettre le Hamas hors d’état de nuire, notamment en sanctionnant ses membres, action qui doit être actée au niveau européen.
Forte de ses bonnes relations avec le Qatar, elle demande à l’émirat qui héberge plusieurs responsables du Hamas d’intervenir pour obtenir la libération des otages.
Le 9 novembre, la France organise une conférence humanitaire à Paris qui regroupe à la fois des États, les Nations unies et ses agences compétentes de même que les principales ONG présentes à Gaza. Très impressionné par les témoignages évoqués à cette occasion, le président Macron appelle à une trêve conduisant à un cessez le feu.
Tout en reconnaissant « le droit pour Israël à se défendre, en éliminant les groupes terroristes dont le Hamas », le président Macron estime que ceci doit être obtenu par « des actions ciblées en préservant les populations civiles ». Il exhorte Israël à arrêter les bombardements qui touchent les civils.
La France contribue à hauteur de 100 millions d’euros à l’aide humanitaire apportée à la population gazaouie, envoie un navire hôpital au large de Gaza pour soigner les enfants blessés et met en place un mécanisme spécifique à partir de la Jordanie pour compléter l’aide humanitaire, y compris médicale.
Enfin, dès le début de la guerre, la France rappelle que seule une solution politique de la question palestinienne peut mettre fin à la guerre et estime que la solution des deux États est « la seule solution crédible ».
Elle condamne toute idée de rétablissement de colonies à Gaza réclamé par une certaine extrême droite israélienne. La France estime nécessaire la mise en place d’une nouvelle Autorité palestinienne et condamne toute déclaration ou intention d’Israël de procéder à des transferts de population vers la Jordanie ou vers l’Égypte.
La France reste en contact étroit avec les États-Unis : en effet il est clair que seuls les États-Unis ont des moyens de pression suffisants pour infléchir la position israélienne, notamment pour obtenir un cessez-le-feu.
De même, elle est en contact étroit avec les pays concernés que sont l’Égypte, la Jordanie, le Liban mais aussi avec certains pays du Golfe comme le Qatar et l’Arabie saoudite. Les ministres des Affaires étrangères et de la Défense vont sur place à plusieurs reprises.
Cependant, la position française semble mal comprise par les opinions publiques comme par les dirigeants des pays arabes, comme le constate le président Macron lors de son premier déplacement au Moyen-Orient. Des manifestations ou des actes hostiles ont visé plusieurs ambassades.
Les ambassadeurs français de la région Afrique du Nord – Moyen-Orient alertent Paris sur cette situation. Leurs réactions feront évoluer la position française qui revient dans la tradition équilibrée de la politique menée depuis le début de la Vème république. La France vote ainsi en faveur du cessez-le-feu immédiat demandé par la résolution déposée par le Brésil et les Émirats arabes unis.
Elle prend une attitude de neutralité lors de la mise en cause de l’UNRWA par Israël et propose que la présidence de la commission d’enquête établie par le secrétaire général de l’ONU soit confiée à Catherine Colonna, ancienne ministre des Affaires étrangères. La tournée du nouveau ministre, Stéphane Séjourné, contribue à rassurer nos interlocuteurs arabes.