Changement climatique : les canicules les plus meurtrières en France
Si les épisodes caniculaires sont de plus en plus intenses et fréquents avec les effets du réchauffement climatique, ils ne sont pas nouveaux dans l’histoire.
Parmi les canicules les plus meurtrières en France, celle de l’été 1911 a fait plus de 40 000 morts, principalement des nourrissons.
Il y a 20 ans, en août 2003, la France subissait l'une des canicules les plus longues et meurtrières de son histoire. Elle dura 15 jours et provoqua la mort de 15 000 personnes en France.
Elle est la seconde canicule la plus mortelle à avoir sévi en France, derrière celle de l'été 1911, que nous vous proposons de retracer à travers la presse de la Belle époque.
« On meurt de la chaleur à Paris, c’est un véritable fléau » titre Le Petit Parisien du 30 juillet ; « 1911 bat tous les records comme chaleur » peut-on lire aussi le 7 septembre dans Le Matin.
Ce sont plus de deux mois d’extrême sécheresse et de températures élevées que subit la France durant l'été 1911. Le pays croule sous une intense vague de chaleur qui s'étend sur près de deux mois et demi, depuis le début du mois de juillet jusqu’à la mi-septembre.
Des températures allant de 35°C à 40° à l’ombre dans Paris
L’Excelsior du 5 juillet 1911 nous apprend que la chaleur fait de nombreuses victimes aux Etats-Unis. Elle touche d’abord la côte est des Etats-Unis avant de frapper très rapidement la France et le reste de l’Europe.
À cette date, il fait 34 °C à Paris et le physicien Joseph Jaubert, directeur de l’Observatoire de la Tour Saint-Jacques rapporte que la chaleur dépasse déjà les moyennes observées depuis le 7 juillet pour varier entre 33 à 35° C du matin jusqu’au début de soirée.
Les articles de presse sont nombreux à s’émouvoir du caractère inédit de cette canicule. Notamment Le Figaro du 24 juillet qui décrit comment les Parisiens font globalement face à la canicule : "Loin d'être moins violente, la chaleur augmente au contraire, et cela, dans des proportions presque surprenantes […] Enfermons-nous, ou bien cherchons, autour de la ville, quelques bandes d'ombre, quelques oasis d'air tiède où l'on puisse respirer ! […] Magasins fermés. Rues désertes. Cohues aux gares […] A partir de midi, c'est affreux et comique. Le soleil frénétique a l'air de chauffer une ville morte […] La nuit tombe, mais la chaleur, elle, ne tombe pas". Il faut dire que le thermomètre flirte progressivement avec les 37 °C à l’ombre à Paris, 38,5 °C à Nantes, 37° C au Mans et à Nancy, 36° C à Toulouse et à Limoges, 35° C à Clermont-Ferrand, 38° C à Lyon…
Après quelques timides orages à la toute fin juillet, la vague ne chute pas pour autant, et le 30 juillet dans L'Excelsior titre « La canicule est sans pitié » accompagnée d’une photo sur laquelle une Parisienne s’est réfugiée dans le métro pour trouver un peu de fraîcheur, mais aussi des Parisiens amassés près des fontaines, se rafraîchissant dans la Seine ou les berges des Tuileries.
Le 10 août, « il fait une chaleur étouffante » titre Le soleil, avec une température qui approche cette fois-ci les 38 °C à Paris d’après le thermomètre de l’observatoire de Montsouris « soit le maximum constaté à l’ombre et le record de la chaleur en août depuis 154 ans » relève La gazette de France du 11 août 1911
Le Radical du 11 août 1911 partage une photo sur laquelle on voit de nombreux jeunes se rafraîchir en se baignant directement dans la Seine, quand La Petite République du 11 août 1911 immortalise un groupe de Parisiens assemblés autour d’une fontaine Wallace et en train de trinquer avec un verre de coco à la main (une tisane fraîche à base de réglisse et de citron).
Dans de nombreux quotidiens, on montre des promeneurs ou des travailleurs assis sur des bancs ou à même le sol assommés par la chaleur accablante. Une photo publiée le 20 août 1911 par Le journal des Annales politiques et littéraires montre des Parisiens rassemblés autour d’un thermomètre qui affiche un record de chaleur : 39 °C à l’ombre !