COP 27 Egypte 2022 : Les 5 plus grands défis climatique du monde
Entre intensification des événements climatiques extrêmes, tensions géopolitiques et pressions des pays pauvres pour obtenir un soutien financier : tour d'horizon des principaux enjeux qui animeront les négociations de la COP 27.
« Nous nous dirigeons vers une catastrophe mondiale ». Cette phrase cinglante prononcée par le Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, dans un message vidéo posté il y a une dizaine de jours, donne le ton de la COP 27, qui se tient du 7 au 18 novembre à Charm el-Cheikh en Egypte.
>>> Belgique : La délégation ministérielle belge en route vers la COP 27
Si l'alerte sur le dérèglement climatique est sonnée depuis longtemps, elle a désormais laissé place à des impacts négatifs concrets, désormais vécus au quotidien par les citoyens d'un grand nombre de pays dans le monde. Sécheresse record en Afrique de l'Est, inondations géantes au Pakistan ou plus près du monde occidental, canicules et feux géants en Espagne, en France ou aux Etats-Unis.
Plus grave qu'auparavant, le contexte dans lequel se déroule cette 27e édition de la Conférence des parties appelle donc les Etats membres à accélérer dans leur action climatique. Tour d'horizon des principaux chantiers sur lesquels ils devraient travailler à partir de ce lundi.
1- La baisse des émissions de CO2 encore insuffisante
« L'objectif de +1,5 °C est sous respirateur artificiel », a alerté le 27 octobre le patron de l'ONU, en référence à l'objectif historique de baisse global d'émissions acté en 2015 dans l'Accord de Paris pour limiter le réchauffement.
Si à la COP 26 l'année dernière, tous les pays signataires s'étaient engagés à réviser annuellement leurs ambitions de réduction de gaz à effet de serre, seuls 24 d'entre eux ont joué le jeu. Les plans climat des Etats-Unis, de l'Europe ou du Japon ne sont pas négligeables et donnent un bon signal.
Mais d'après les experts, ces promesses laissent actuellement la planète sur une trajectoire d'un réchauffement de 2,5 °C à 2,6 °C d'ici 2030. Un horizon catastrophique que la COP 27 est censée corriger. Avec en perspective, la COP 28 en 2023, dont la mission sera de faire le premier bilan mondial de l'Accord de Paris pour le climat.
2 - Une COP où les pays du Sud doivent faire entendre leurs voix
Cette année, la COP est accueillie et présidée par l'Egypte, pays d'Afrique au poids géopolitique non négligeable. De nombreux pays de ce continent, et plus largement les pays en voie de développement, vont profiter de cette configuration pour faire entendre leurs voix et, in fine, peser un maximum dans les négociations.
Une mobilisation motivée par une réalité très concrète : d'après un récent rapport, 79 % des décès enregistrés depuis 1991 et 97 % du nombre total de personnes touchées par des événements climatiques extrêmes l'ont été dans les pays en développement. En 30 ans, ces phénomènes hors normes auraient plus que doublé selon cette étude, faisant plus de 676.000 morts.
3 - Les pays riches sous pression pour aider les Etats les plus pauvres
La question de l'aide financière à l'adaptation et de l'indemnisation des dégâts climatiques irréversibles a de forte chance d'être mise à l'ordre du jour de la COP 27. Une demande portée tout particulièrement par les pays pauvres, qui manquent cruellement d'argent pour faire face aux effets du changement climatique.
Principaux responsables de celui-ci d'après le consensus scientifique, les pays riches sont attendus au tournant sur ce sujet de justice sociale et climatique. En 2009, ils s'étaient engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an pour aider les pays du Sud à s'adapter. Un montant qui n'a pas été atteint : en 2020, les montants mobilisés conjointement par les pays développés s'élevaient à un peu plus de 83 milliards.
D'après les experts, les besoins annuels relatifs au volet adaptation, atteindront entre 160 et 340 milliards de dollars d'ici 2030. Une situation sur laquelle alerte le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), dans un récent rapport : « Les flux financiers internationaux pour l'adaptation aux changements climatiques dirigés vers les pays en développement sont 5 à 10 fois inférieurs aux besoins estimés, et l'écart continue de se creuser. » Rapporte Les Echos
Sur le volet de l'indemnisation des dégâts irréversibles, il n'existe pour le moment aucun engagement financier de la part des pays développés, mais le sujet pourrait être dans l'agenda des négociations cette année. D'après une analyse référente des économistes Anil Markandya et Mikel González-Eguino, le montant annuel de ces pertes irréparables est, lui, estimé entre 290 et 580 milliards de dollars par an.
4 - Une conférence percutée par des tensions géopolitiques
C'est l'une des principales différences par rapport à la COP 26 de Glasgow en 2021 : la guerre en Ukraine qui a éclaté en février de cette année. Ce bouleversement géopolitique majeur entrera forcément en ligne de compte au sein des négociations climat cette année, avec son lot d'incertitudes.
Notamment sur les stratégies énergétiques des pays les plus influents politiquement. A l'instar de la Chine , qui dans un contexte d'inflation des prix des carburants, soutient sans ambiguïté sa production de charbon afin de renforcer sa sécurité énergétique.
« La COP 27 se déroule dans un contexte compliqué de crise énergétique, de crise de sécurité alimentaire pour beaucoup de pays du Sud, de crise économique et d'endettement, avec un multilatéralisme à l'arrêt », a résumé « aux Echos » Aurore Mathieu, cadre du Réseau Action Climat, qui fédère de nombreuses ONG environnementales.
5 - Le monde de la finance attendu au tournant
Le lancement de l'initiative « Glasgow Financial Alliance For Net Zero » (GFANZ) avait été un temps fort de la COP 26 en 2021. Cette alliance inédite supervisée par l'ONU compte 550 institutions financières (banques, assureurs, fonds d'investissement, etc). Elle engage ses membres à diviser par deux leurs émissions d'ici 2030 et contribuer aux objectifs d'arrêt de l'expansion des énergies fossiles. Cette coalition est aussi censée mobiliser une force de frappe financière conséquente pour des solutions en faveur de la préservation de la planète.
>>> COP 27: quels sont les principales résolutions des éditions précédentes ?
Malheureusement, un an après son lancement, les experts de la finance climat ne constatent pas d'avancées significatives de la part de la GFANZ. Certains membres de la coalition, notamment des banques privées américaines, ont même menacé d'en sortir, sous la pression de certains de leurs actionnaires, favorables au financement des énergies fossiles.
Symbolique de la lenteur du monde financier sur le climat, cette situation nourrit les critiques de nombreuses ONG. Et la non-présence à la COP 27 de certains grands dirigeants financiers, à l'instar de Larry Fink, PDG de BlackRock ou Jane Fraser, dirigeante de Citigroup , ne fait que renforcer leur mobilisation.
Pourtant, comme l'a déclaré aux « Echos » Mahmoud Mohieldin , directeur exécutif au FMI : « Pour le climat davantage d'investissements doivent venir du secteur privé. » Un élément sur lequel a également insisté le patron de l'ONU Antonio Guterres dans une allocution récente. Une nouvelle initiative onusienne mixant finance privée et publique (« blended finance » dans le jargon) est d'ailleurs en cours de déploiement, avec comme pays test le Rwanda. Selon Les Echos toujours.