Crise politique et tensions obligataires : les banques françaises en difficulté
Les actions des banques françaises ont chuté mercredi, sous-performant davantage par rapport à leurs homologues européennes, alors qu’un blocage politique a fait grimper un indicateur du risque obligataire français à des niveaux inédits.
BNP Paribas SA — le plus grand prêteur du pays par capitalisation boursière — a plongé de 3 %, tandis que Société Générale SA a reculé de 4,4 % et Crédit Agricole SA a perdu 2,8 %, faisant d’elles parmi les pires performances du secteur financier européen.
“Je ne conseillerais pas d’acheter massivement des actions financières françaises pour le moment”, a déclaré Nicolas Simar, gestionnaire principal de fonds d’actions chez Goldman Sachs Asset Management.
Le secteur est parmi les “plus sensibles à l’élargissement de l’écart” entre les obligations françaises et allemandes, aux côtés des services publics et des télécommunications.
La possible chute du gouvernement à Paris à cause du projet de budget 2025 a accru les inquiétudes des investisseurs quant aux perspectives politiques et financières du pays. Par conséquent, l’écart entre les obligations françaises à 10 ans et leurs équivalents allemands, plus sûrs, s’est élargi au plus haut niveau depuis plus d’une décennie.
Les banques françaises ont largement manqué le rallye boursier des banques européennes cette année, alimenté par la hausse des taux d’intérêt. Les investisseurs se sont éloignés des actions françaises depuis la décision surprise du président Emmanuel Macron en juin de convoquer des élections générales, faisant de l’indice CAC 40 l’un des rares indices boursiers des marchés développés à sous-performer en 2024.
Les investisseurs attendent que les législateurs d’un parti d’extrême droite français décident s’ils voteront pour renverser le gouvernement dans une motion de censure sur le budget. Le parti, connu sous le nom de Rassemblement National, pourrait jouer un rôle décisif lors d’un vote attendu dans les prochaines semaines.
Un vote de censure réussi renverserait le Premier ministre Michel Barnier et son gouvernement, tout en rejetant le projet de loi de finances. Bien qu’il existe des mécanismes permettant à l’État français de continuer à fonctionner sans budget, un tel résultat serait catastrophique pour les efforts du pays visant à regagner la crédibilité des investisseurs.
Les obligations françaises ont commencé à sous-performer dès le début de la semaine dernière, et l’élargissement actuel des écarts est le plus long depuis 2022.
Mardi, des stratèges de Citigroup Inc. ont déclaré que l’écart pourrait atteindre 100 points de base plus rapidement que prévu. Pendant ce temps, un indicateur de crédit évaluant le risque que la France quitte la zone euro a atteint un sommet de sept ans.