Crise au Sénégal : Tensions croissantes entre gouvernement et opposition
Après les récents événements violents ayant secoué le Sénégal, le pays se prépare à une nouvelle journée de mobilisation mardi, en réponse au report de l'élection présidentielle.
Avec trois décès enregistrés depuis le 9 février, les autorités gouvernementales et la coalition dirigée par l'opposant Bassirou Diomaye Faye s'accusent mutuellement d'avoir contribué à l'escalade des tensions.
À Dakar, le calme est revenu dans les rues après les manifestations agitées de vendredi dernier. Cependant, une nouvelle journée de mobilisation est prévue à travers le pays le mardi 13 février. La plateforme Aar Sunu Élection, regroupant plusieurs organisations de la société civile, a appelé à une grande marche pacifique et silencieuse à Dakar, lors d'une conférence de presse lundi. Ils ont observé une minute de silence et de prières en hommage aux jeunes décédés lors des récents affrontements. En solidarité avec le mouvement, plusieurs écoles de la capitale ont annoncé leur fermeture pour la journée de mardi.
La tension est montée progressivement dans le pays depuis l'annulation de l'élection présidentielle prévue le 25 février, suivie de son report au 15 décembre par l'Assemblée nationale.
Trois personnes ont perdu la vie depuis vendredi lors de manifestations dans différentes régions du pays. Alors que plusieurs groupes d'opposition et organisations de la société civile accusent le gouvernement d'autoritarisme et d'usage excessif de la force, les autorités se présentent comme des défenseurs de la démocratie et de l'ordre public.
Des enquêtes ont été ouvertes sur ces incidents. Samedi, un jeune de 16 ans est décédé à Ziguinchor, capitale de la région de Casamance, suite à des manifestations contre le report de l'élection. Son oncle a mentionné un traumatisme crânien comme cause du décès. La veille, une vague intense de manifestations a secoué le pays, notamment à Dakar, où des rassemblements interdits ont été violemment dispersés par la police, entraînant la mort d'un jeune homme touché par balle. Enfin, vendredi, une première victime avait été recensée à Saint Louis, selon France24.
Le gouvernement, par la voix du ministre du Commerce et porte-parole, Abdou Karim Fofana, a présenté ses condoléances aux familles des victimes et a déclaré que le procureur de la République avait ouvert des enquêtes pour éclaircir les circonstances des décès. Il a également souligné que la responsabilité des forces de défense et de sécurité ne pouvait être automatiquement engagée en cas de décès par balle lors de manifestations. Selon lui, ces forces ont pour mission de préserver l'ordre public.
De son côté, Amadou Ba, mandataire du candidat de l'opposition Bassirou Diomaye Faye, a déclaré que les accusations du gouvernement étaient une diversion. Il a remis en question l'efficacité des enquêtes en raison de l'absence d'autopsies et a critiqué le gouvernement pour ne pas faire la lumière sur d'autres incidents survenus lors de manifestations antérieures.
Les tensions ont été exacerbées par l'interdiction de manifester à la place de la Nation à Dakar, bloquée par les forces de l'ordre. Les manifestants voient cela comme un exemple supplémentaire de l'autoritarisme gouvernemental.
Des actes de vandalisme ont également été signalés à Dakar, avec des marchés et des chantiers vandalisés, suscitant l'indignation de nombreux habitants.
Malgré ces troubles, certains signes d'apaisement commencent à émerger. Une loi d'amnistie concernant des membres de l'opposition emprisonnés pourrait être discutée lors du conseil des ministres mercredi, selon des sources locales.