Daech et Al-Qaïda...une "lutte d'influence" acharnée en Afrique (expert)
Al-Qaïda et Daech sont deux organisations terroristes qui se battent pour le contrôle de l'Afrique, en particulier du Sahel.
Les deux organisations ont été créées sur la base de la même idéologie extrémiste.
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Une histoire de haine qui a commencé depuis que Daech a annoncé l'établissement du prétendu "Califat" en 2014, chamboulant ainsi les cartes d'al-Qaïda dans diverses régions, dont l'Afrique, en raison d'une campagne de défections menée par certaines factions pour passer à Daech.
Une seule idéologie pour deux organisations
Mounir Adeeb, chercheur égyptien spécialisé dans les mouvements extrémistes et le terrorisme international, estime qu'il existe un conflit entre les organisations terroristes en Afrique en général, et dans l'ouest du continent, la région du Sahel, la Mauritanie et le Tchad en particulier.
Dans une interview accordée à Al-Ain News, Adeeb affirme que cette situation prévaut depuis longtemps.
Et d'ajouter : « Il y a eu un différend entre al-Qaïda et Daech depuis 2014 jusqu'à présent, et s'est transformé en différend militaire"
L'expert a rappelé le quatrième calife de Daech en Syrie qui a été tué avai annoncé son allégeance à Al-Qaïda, soulignant que le conflit est long et étendu et a atteint l'Afrique, en particulier dans les zones d'influence d'Al -Qaïda.
Parallèlement aux attaques menées par Daech et Al-Qaïda contre les militaires et les civils, des affrontements ont déclenché entre eux, principalement concentrés dans l'Etat de Ménaka au nord du Mali.
Les affrontements entre Daech et une faction affiliée à Al-Qaïda sont souvent concentrés dans les régions d'Azraghan, Adrannokar, Tamlet et Insanan dans l'État de Ménaka.
Nouvel ennemi
Adeeb estime que "Daech a infiltré Boko Haram au Nigeria, l'organisation locale affiliée à d'Al-Qaïda", affirmant que l'allégeance à Daech a également eu lieu dans les rangs de ce groupe armé, dans un scénario qui s'est produit dans la plupart des organisations terroristes dans le continent.
Il a expliqué que "Daech se considère comme un État califat, car Abu Muhammad al-Adnani, un porte-parole de Daech, avait précédemment invité Ayman al-Zawahiri à prêter allégeance sur la base de la capacité religieuse de l'État califat".
Selon Adeeb, le groupe "Nusrat al-Islam wal-Muslimin" est le plus important des pays du Sahel. Ce groupe est présent dans la plupart des capitales africaines, et il est le plus puissant du continent.
Pour l'expert, le conflit entre ce dernier et Daech est compréhensible, car cette dernière organisation a réussi à obtenir une nouvelle position pour elle-même en Afrique, et a commencé à chercher une plus grande présence sur le continent.
Ce que l'on sait sur le groupe "Nusrat al-Islam wal-Muslimin"
La création du GSIM, le 2 mars 2017, a été annoncée par son chef Iyad Ag Ghali dans un discours diffusé par son organe de communication, Al Zalaqa.
Le GSIM, qui dit être la branche officielle d’Al-Qaida au Mali, est une coalition formée d’éléments d’Al-Qaida au Maghreb islamique dans le Sahel, d’Ansar Eddine, d’Al-Mourabitoun et d’autres groupes. Il est organisé en plusieurs zones opérationnelles situées dans le nord du Mali.
Le GSIM a lancé de nombreuses attaques contre les forces de défense et de sécurité maliennes, la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et les forces armées françaises, qu’il a revendiquées par l’intermédiaire de son organe de communication Al Zalaqa. Le Groupe a également mené une opération armée contre le site touristique nommé « Le Campement Kangaba », près de Bamako, en juin 2017.
Le GSIM a revendiqué l’attaque du 21 février 2018 au Mali, qui a causé la mort de deux soldats français. Il a également revendiqué les deux attaques simultanées lancées contre l’ambassade de France et l’État-major général des forces armées du Burkina Faso à Ouagadougou le 2 mars 2018, ainsi que l’attaque contre le quartier général de la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel à Sévaré le 29 juin 2018.
La multiplicité des attaques menées par le GSIM menace le processus de paix au Mali. Son chef, Iyad ag Ghali, a ouvertement prêté allégeance à Aiman Muhammed Rabi al-Zawahiri, le chef d’Al-Qaida, à Abdelmalek Droukal, le chef d’AQMI, et au chef des Taliban, lit-on sur le site de l'ONU.