DIRE, NE PAS DIRE : Odeur ou Senteur ?
Le débat sur le choix des mots pour décrire les perceptions olfactives fait toujours couler beaucoup d'encre.
Odeur et senteur sont deux termes souvent confondus, mais qui portent des nuances importantes.
Odeur, le terme plus général des deux, ne porte pas en lui-même de connotation positive ou négative. Il englobe toutes les perceptions olfactives, agréables ou non. En revanche, **senteur** est réservé à une odeur perçue comme plaisante, à moins d'un usage ironique.
Cette distinction remonte à Littré, qui soulignait une autre subtilité aujourd'hui souvent ignorée : "L’odeur est dans les objets qui l’exhalent ; la senteur est ce qui est senti par le sujet, l’impression qu’il reçoit." Ainsi, l’odeur serait l'émanation intrinsèque d'un objet, tandis que la senteur dépendrait de la perception de celui qui la ressent.
Par ailleurs, tandis que senteur garde toujours son sens propre, odeur peut être utilisé figurativement. On parle ainsi d'odeur de jeunesse, de mystère, d'odeur de vertu, mais aussi d'odeur de crime, de débauche, de mensonge, ou encore d'odeur de mort, de sang, de trahison. Dans ces emplois, il rivalise parfois avec le mot parfum.
Ce débat sur le choix entre odeur et senteur, au-delà de ses subtilités linguistiques, reflète notre manière complexe de percevoir et de décrire le monde qui nous entoure, de la beauté des roses à l'amertume du crime.
La langue française, riche en nuances, continue ainsi de nous inviter à choisir nos mots avec soin, pour exprimer avec précision ce que nous ressentons et ce que nous voulons communiquer.