Election présidentielle 2022 : Thierry Solère, le baron noir d’Emmanuel Macron, écrit Olivier Faye
L’ancien organisateur de la primaire de la droite en 2016 est désormais une des pièces maîtresses du chef de l’Etat en vue de sa réélection. Conseiller de l’ombre, doté d’un CV riche en mises en examen, Thierry Solère s’emploie à recruter à droite.
La salle des fêtes de l’Elysée paraît figée dans le temps, avec ses chandeliers et ses lourdes tentures rouges. Nicolas Sarkozy offre sa tournée de médailles de l’ordre du Mérite, en cette soirée de l’hiver 2008. Un jeune conseiller général des Hauts-de-Seine, inconnu du grand public, se trouve parmi les épinglés. Thierry Solère a 35 ans. Il est proche de Jean Sarkozy, un des fils de l’ancien président de la République, et navigue dans le milieu politique depuis près de quinze ans. Son oncle, l’amiral Jean-Luc Delaunay, a été le chef d’état-major particulier de Jacques Chirac. « Ah ! Le neveu de l’amiral », lui lançait avec chaleur l’ancien président de la République lorsqu’il croisait cet enfant de l’Ouest parisien.
« Ce n’est pas parce que vous êtes un de mes amis de longue date qu’il ne fallait pas vous distinguer », commence par se justifier Nicolas Sarkozy. Puis, le chef de l’Etat glisse au récipiendaire une de ses maximes dont il a le secret, à la fois sage et naïve. « Peu importe dans quel sens on s’engage, cher Thierry, l’important, c’est de s’engager ; c’est de ne pas être avare de ses sentiments ; c’est de mettre son expérience, son talent, son entregent au service de son pays », conseille-t-il. La leçon a porté ses fruits.
Thierry Solère a aujourd’hui 50 ans. Sa silhouette de colosse s’est arrondie. Son expérience s’est renforcée à l’épreuve des batailles politiques. D’un paquet d’affaires judiciaires, aussi, qui lui valent un chapelet de mises en examen, notamment pour « fraude fiscale » et « détournement de fonds publics ».
Catégorie des « messagers »
Après avoir longtemps servi la droite – en particulier comme organisateur de la primaire de 2016 –, le député (la République en marche, LRM) des Hauts-de-Seine officie désormais en tant que conseiller politique d’Emmanuel Macron (bénévole, précise-t-il). Il est devenu l’une de ses pièces maîtresses en vue de l’élection présidentielle des 10 et 24 avril. Thierry Solère occupe un bureau au deuxième étage à l’Elysée, qui a jadis accueilli le chef de l’Etat lorsqu’il était secrétaire général adjoint de la présidence sous François Hollande. Il s’agace qu’on le sache. L’influence se passe de publicité.
Immuable besogne que celle de Thierry Solère, vieille comme le pouvoir. Ce prince de la « popol » (politique politicienne), sorte de Talleyrand moderne, qui survit à tous les régimes, n’appartient pas à la catégorie des tribuns, des législateurs pointilleux ou des idéologues. Plutôt celle des « ,messagers » ». selon Olivier Faye auprès Le Monde