Enquête sur l'ingérence russe : perquisitions au Parlement européen impliquant un eurodéputé d'extrême droite
Des perquisitions ont eu lieu au Parlement européen à Bruxelles et à Strasbourg, dans le cadre d'une enquête de la justice belge sur des soupçons d'ingérence russe et de corruption impliquant l'eurodéputé d'extrême droite allemand Maximilian Krah.
Selon un communiqué du parquet fédéral belge, la police judiciaire fédérale de Bruxelles a perquisitionné le domicile d'un collaborateur du Parlement européen à Schaerbeek, ainsi que son bureau à Bruxelles. Une perquisition a également été menée dans le bureau de cet assistant à Strasbourg, en collaboration avec Eurojust et les autorités judiciaires françaises.
La personne visée par ces perquisitions est Guillaume Pradoura, un ancien assistant parlementaire français de Maximilian Krah, actuellement assistant de l'eurodéputé Marcel de Graaff, membre du Forum pour la démocratie, un parti eurosceptique et conservateur néerlandais. Pradoura a également travaillé pour l'eurodéputé français Nicolas Bay, avant d'être exclu du Rassemblement national (RN) en 2019 après la publication d'une photo à connotation antisémite.
Les perquisitions s'inscrivent dans une enquête sur des accusations d'ingérence, de corruption passive et d'appartenance à une organisation criminelle. Les autorités belges suspectent que des membres du Parlement européen aient été approchés et rémunérés pour promouvoir la propagande russe via le site "Voice of Europe". "Des indices prouvent que le collaborateur du Parlement européen en question a joué un rôle important dans cette affaire", a précisé le parquet fédéral.
L'enquête a été lancée par le parquet fédéral belge en avril, après la découverte d'un réseau d'influence financé par Moscou, révélé par les services de renseignement tchèques. Ce réseau aurait diffusé la propagande du Kremlin via "Voice of Europe", critiquant notamment le soutien militaire occidental à l'Ukraine. La plateforme servait également à fournir un soutien financier secret à des élus pour relayer les messages de Moscou. Le site a récemment été placé sur une liste de sanctions de l'UE et interdit de diffusion.
En Allemagne, Maximilian Krah, tête de liste de l'AfD pour les élections européennes du 9 juin, est visé par une enquête préliminaire du parquet de Dresde pour des soupçons de financements russe et chinois. Krah a reconnu être apparu à deux reprises sur "Voice of Europe" mais a nié avoir reçu de l'argent pour cela.
Par ailleurs, un collaborateur de Krah, Jian Guo, est accusé d'espionnage pour le compte de Pékin au sein même du Parlement européen. Après son arrestation en avril, Jian Guo a été suspendu et son bureau à Bruxelles perquisitionné.
Le numéro deux de la liste de l'AfD aux élections européennes, Petr Bystron, a également vu son bureau perquisitionné par la police le 16 mai, en raison de soupçons de financement illégal en provenance de Russie.
À l'approche des élections européennes, l'UE exprime ses préoccupations concernant les ingérences étrangères. "Les objectifs de Moscou sont clairs : aider à élire davantage de candidats prorusses au Parlement européen et renforcer le discours prorusse au sein de cette institution", avait déclaré en avril le Premier ministre belge Alexander De Croo.